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Jailly

 

Edifice
Eglise Saint-Sylvestre, ancienne priorale
Situation
Centre village, 58330 (Nièvre)
Parties Romanes
Façade, travée de la nef, transept, clocher, chœur et absides
Décoration Décor du portail, chapiteaux des piliers et de l’abside, bénitier
Datation
Fin du 11e siècle et première moitié du 12e siècle

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

Le petit bourg déserté de Jailly nous offre une remarquable église priorale dans un site vallonné plein de charme. Il s’agit d’un ancien prieuré clunisien fondé au 11e siècle et dépendant de La Charité. Le seul vestige du prieuré est sa belle église romane, partiellement en ruine depuis le 18e siècle, mais aujourd’hui bien restaurée et parmi les plus importantes de la Nièvre. Commencée à la fin du 11e siècle et construite en plusieurs étapes jusqu’au siècle suivant, elle conserve encore sa façade, la dernière travée de la nef, le transept et le chœur à trois absides. L’ensemble est couronné d’un clocher octogonal particulièrement beau, ajouré de baies géminées. Le portail ouest, ouvrant sur le vide, est décoré de chapiteaux feuillagés et de médaillons fleuris. Une façade moderne permet de pénétrer à l’intérieur vers le chœur, par un accès en gradins. La coupole de la croisée en est la partie centrale, entourée par la travée de nef, les croisillons, le chœur et les bas-côtés. Les piliers cruciformes à colonnes engagées et les grandes arcades en plein cintre sont typiquement romans. Le chœur est la partie la plus ancienne, présentant une abside polygonale, courant dans cette partie du Nivernais, avec trois baies flanquées de colonnettes. Les chapiteaux des piliers sont sobrement décorés de feuilles et de motifs géométriques. Il faut enfin visiter le cimetière derrière l’église pour admirer les jolies vues sur le chevet et sur les environs.

 

Le site pittoresque de l’église de Jailly

 

Historique

Le site de Jailly était occupé par une motte fortifiée au haut Moyen-âge et peut-être déjà par une villa gallo-romaine. Un prieuré bénédictin dépendant de La Charité y fut fondé au 11e siècle. L’église romane fut construite à partir de la fin du 11e siècle et achevée au siècle suivant. La paroisse dépendait de l’archiprêtré de Lurcy-le-Bourg depuis le 13e siècle et de celui de Saint-Saulge au 17e siècle. Le prieuré fut rétabli au 18e siècle par le prieur François Gabriel du Verne avant d’être supprimé en 1778-1779. Les bâtiments du prieuré furent vendus à la Révolution puis détruits ou transformés en presbytère. La nef de l’église, en ruines depuis longtemps, fut en partie détruite vers 1800. La partie subsistante, transformée en église paroissiale, fut classée en 1840. L’église fut restaurée en 1853-1859, en 1887-1889 et en 1916-1919. Le clocher fut foudroyé en 1982. Des restaurations à partir de 1984 ont rétabli les murs de la partie détruite de la nef dont des fouilles archéologiques ont attesté les dispositions.

 

Intérieur vers l’ouest

 

Description

L’église ne fut conservée qu’en partie puisque les deux premières travées de la nef ont été détruites. De la nef il ne reste que la troisième travée, le mur nord et l’entrée occidentale. Les autres parties conservées sont le transept saillant, le clocher central, le chœur, l’abside et les deux absidioles. Il en résulte donc un plan en croix grecque centré autour de la croisée du transept. L’église fut construite d’est en ouest en plusieurs campagnes successives, probablement à partir de la fin du 11e siècle pour le chevet, achevée par la façade au 12e siècle. La construction en gradins de l’édifice est remarquable et correspond à la déclivité du terrain. Des remaniements tardifs sont visibles à l'intérieur au niveau des murs et des voûtes.

 

Plan de l’église

 

La façade romane cache un espace vide à l’emplacement des deux premières travées de la nef. La nef datait probablement du premier quart du 12e siècle et son architecture comprenait une voûte en berceau brisé sur doubleaux sans fenêtres hautes. Il en reste le mur nord de la nef, restauré, avec des baies et une colonne engagée mise à jour. Une deuxième façade sans caractère, avec des arcades brisées murées latérales, sépare l’espace de la dernière travée de la nef. Le transept est couronné par le clocher octogonal à deux étages sous une flèche modifiée. L’étage supérieur présente encore six baies géminées avec colonnettes et chapiteaux nus. Les croisillons conservent des pignons avec une baie, un cordon horizontal et des petits portails simples. Le chevet dépourvu de tout décor abrite une abside pentagonale et deux absidioles sous un grand toit unique.

 

Extérieur de l'église
Façade extérieure
Façade intérieure
Transept
Chevet
Absides
Baies de l’abside
Clocher
Baies géminées

 

Le portail de la façade occidentale est intéressant pour son joli décor sculpté. Il s’inscrit dans un avant-corps compris entre deux contreforts et un cordon horizontal. La corniche au dessus du portail présente onze médaillons sculptés de roses. Le portail est flanqué par deux groupes de deux colonnes recevant trois voussures dont le décor végétal se compose de feuillages, de dents de scie, de rangées de besants, d’entrelacs perlés et de palmettes. Des thèmes végétaux se retrouvent sur les chapiteaux des colonnes : feuilles d’eau, feuilles d’acanthe recourbées et entrelacs perlés. Entre les chapiteaux, deux petits reliefs correspondant à la voussure médiane sont sculptés d’un masque vomissant rinceaux de feuillages (à gauche) et de deux animaux affrontés (à droite). Le tympan est nu depuis l’effacement de ses peintures de la Vierge.

 

Le portail de la façade :
Ensemble
Portail
Voussures
Chapiteaux
Chapiteaux
Chapiteaux
Cordon
Médaillon

 

Photo de atlas-roman
Voussures et médaillons

 

L’intérieur de l’église se regroupe autour de la croisée du transept. La dernière travée de la nef, restaurée au 19e siècle, montre encore les dispositions des parties détruites. Sa voûte en berceau a probablement été refaite, mais ses piliers cruciformes à colonnes engagées et ses grandes arcades brisées à double rouleau sont encore d’origine. Les compartiments des bas-côtés sont voûtés d’arêtes avec des arcs en plein cintre et des petites baies. Un bénitier porté sur une colonnette décorée d’une croix y a été conservée. De hautes marches montent vers la croisée du transept et sa coupole sur trompes, portée par quatre arcs en plein cintre à double rouleau et par des piliers cruciformes à colonnes engagées. Les croisillons sont couverts de voûtes en berceau, partiellement en briques, témoignant des remaniements. La partie droite du chœur se compose de deux travées en berceau. Le doubleau de la voûte retombe sur des pilastres à impostes simples et une piscine avec un arc plein cintre se trouve dans le mur. L’abside pentagonale est percée de trois baies à colonnettes. Des bas-côtés voûtés d’arêtes flanquent la première travée de chœur. Ils s’ouvrent sur les croisillons et sur le chœur, par des arcs avec impostes, et sur les absidioles, qui ont été très remaniées. Un caveau sépulcral se trouve sous l’absidiole nord.

 

Intérieur :
Ensemble est
Ensemble ouest
Croisée
 
 
Travée de nef
Piliers
Coupole
 

 

Les chapiteaux sont très simples. Neuf chapiteaux de piliers, dont sept dans la croisée et deux dans la nef, sont sculptés d’un répertoire géométrique et d’un décor végétal très stylisé, tandis que d’autres sont simplement épannelés. On y rencontre des feuilles de châtaignier ou des palmes, avec des volutes d’angles, des stries ou des dents de scie. Un chapiteau présente des tiges encadrant un fruit allongé sous deux petites têtes d’animaux aux angles. Deux tailloirs dans la croisée sont décorés de zigzags. Dans l’abside, les six petits chapiteaux des colonnettes des baies montrent des palmettes, des feuilles creuses, des coquilles et des motifs géométriques.

 

Les chapiteaux :
Têtes d’angles
Décor végétal
Feuilles
Motifs simples

 

Visite

L’église n’est pas systématiquement ouverte. Contactez la mairie pour être certain de la pourvoir visiter.

Pour en savoir plus sur Jailly, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/jailly/jailly.htm.
Page atlas roman : http://atlas-roman.blogspot.nl/2015/09/jailly-eglise-saint-sylvestre.html.
Page gennièvre : http://www.gennievre.net/wiki/index.php5/Jailly_%C3%A9glise.
Page web croqeur : http://www.web-croqueur.fr/eglise-saint-sylvestre-de-jailly-nievre/.

Remerciements : les photos de la page sont en partie de atlas-roman.

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Anfray M., L’architecture religieuse du Nivernais au Moyen Age: les églises romanes, Paris, 1951.
- Dupont J., Nivernais-Bourbonnais Roman, Zodiaque, 1976.
- Martin-Demézil J., Jailly, Congrès archéologique de France, 1967.

- Soultrait G. De, Répertoire archéologique de la Nièvre, Paris, 1875.



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