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Nevers

 

Edifice
Eglise Saint-Etienne, ancienne priorale
Situation
Faubourg Saint-Etienne à Nevers, 58000 (Nièvre)
Parties Romanes
Entièrement : nef à bas-côtés et tribunes, transept, choeur à déambulatoire et chapelles
Décoration Modillons, billettes et arcatures du chevet, arcatures en mitre du transept, chapiteaux, mosaïques
Datation
1068-1097

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

La ville de Nevers, préfecture de la Nièvre et capitale du Nivernais, est une ville très ancienne qui a conservé de nombreux monuments de l’époque médiévale. Autour de l’évêché et de la première Cathédrale, dont la fondation remonte au début du 6e siècle, ont été édifiés plusieurs monastères pendant le Moyen Age. L’église Saint-Etienne était la priorale de l’un de ces monastères, situé dans le faubourg qui porte son nom. Quand elle devient possession de Cluny en 1068, commence la construction de la grande église romane qu’on peut admirer dans sa totalité aujourd’hui, néanmoins dépourvue de ses trois clochers. L’église Saint-Etienne est l’une des plus belles églises romanes de Bourgogne par l’harmonie et l’homogénéité de son architecture. Construite en belles pierres de taille, c’est la première église médiévale dont la nef adopte trois étages sous une voûte en pierre, une construction très évoluée pour la fin du 11e siècle, qui sera reprise et modifiée quelques années plus tard pour la troisième abbatiale de Cluny. Son plan avec chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes présente un exemple du 11e siècle du plan des grandes églises romanes de pèlerinage de la France, comme à Toulouse ou à Conques. Saint-Etienne possède la seule nef en Bourgogne dont les bas-côtés sont surmontés de tribunes, comme on les trouve dans les grandes églises d’Auvergne (Clermont-Ferrand, Saint-Nectaire, Orcival et Issoire). Mais à Nevers, on a osé de construire un étage de fenêtres hautes entre des tribunes et la voûte en pierre. On remarque également une influence auvergnate aux arcs diaphragmes du transept, aux arcatures en mitre et au chevet à chapelles rayonnantes. Saint-Etienne de Nevers est une merveille de l’art du 11e siècle, qui influencera les grandes églises du 12e siècle comme les églises clunisiennes d’Autun, de Paray, de Beaune ou de Saulieu. On se demande même pourquoi ce modèle d’équilibre reste unique dans l’art roman car l’architecture de sa nef reste inégalée.

Bien que Saint-Etienne soit aujourd’hui l’attrait principal de Nevers pour les amateurs de l’art roman, la ville conserve de nombreux autres édifices romans. Le plus important est sans doute la Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte, ensemble hétérogène et complexe, dont le chœur situé remarquablement du côté ouest est du début du 11e siècle. L’ancienne église Saint-Genest, partiellement conservée dans la rue qui porte son nom, montre au visiteur son transept sous berceau brisé, ses chapiteaux et son portail mutilé. De l’ancienne église Saint-Sauveur, près du pont de la Loire, ne sont visibles que le porche roman et quelques arcades. C’est au musée archéologique dans la Porte du Croux que sont conservés les trésors de la sculpture de Saint-Sauveur dont l’important tympan et plusieurs chapiteaux, qui proviennent aussi des autres édifices romans de la ville et de la région. De l’abbaye Notre-Dame et de la grande abbatiale Saint-Martin restent d’autres vestiges moins importants. Les autres églises et monastères de l’époque romane ont été détruits : les prieurés bénédictins Saint-Victor et Saint-Nicolas, ainsi que les anciennes églises paroissiales Saint-Pierre, Saint-Arigle, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Laurent et Saint-Benin-les-Vignes.

 

Plan des églises et monastères de la ville

 

Historique

Autour du site de la Cathédrale de Nevers, situé au sommet de la butte dominant la Loire depuis le début du 6e siècle et dédiée à Saint-Gervais-et-Saint-Protais, plusieurs monastères et églises paroissiales ont été construits durant les siècles suivants. L’histoire du monastère de Saint-Etienne commence au début du 7e siècle avec la fondation d’une communauté de femmes placée sous la règle de Saint-Colomban, à l’extérieur de la ville du haut Moyen Age. L’abbaye aurait même été fondée par Colomban, moine irlandais, lors de son passage à Nevers en 610, mais cela n’est pas certain. Son église était dédiée à Jésus Christ, à la Sainte-Vierge, à Saint-Etienne, à Saint-Jean-l’Evangéliste et aux saints Innocents. Après de nombreuses dégradations et destructions aux siècles suivants, l’abbaye décline et perd son importance. L’église existait encore au 11e siècle mais elle était en mauvais état, peut-être détruite par un grand feu en 1053. En 1063, les lieux ont perdu toute fonction cultuelle lorsque l’évêque Hugues de Champallement (ou Hugues II) décide de relever l’abbaye. Il y installe une communauté de chanoines réguliers soumis à la règle de Saint-Sylvestre. C’est en 1068 que le monastère devient prieuré clunisien par donation à Hugues, abbé de Cluny, par l’évêque Mauguin, avec l’accord du comte de Nevers, Guillaume Ier, et du doyen de la cathédrale. Les chanoines sont alors remplacés par une communauté de moines bénédictins. Les bâtiments du monastère sont reconstruits rapidement sur l’initiative du comte Guillaume, ainsi que l’église, remarquable construction romane, dont les clochers étaient déjà élevés en 1083. On conserve encore de précieux documents de l’époque : les chartes de la fondation de 1063 et de la donation de 1068, ainsi qu’une charte de 1090 du comte Guillaume attribuant des privilèges importants au bourg Saint-Etienne. L’église fut consacrée le 13 décembre de l’an 1097, par l’évêque Yves de Chartres, et dédiée à la Vierge Marie et à Saint-Etienne. Il est probable qu’à cette époque-là, l’église était presque achevée, à l’exception peut-être de la voûte de la nef. Le comte Guillaume, constructeur de l’église, y fut inhumé en 1100. La construction s’est achevée au 12e siècle par l’adjonction d’un narthex devant la façade ouest. Le monastère fut englobé dans la ville avec la construction de nouveaux remparts en 1194, mais le faubourg Saint-Etienne reste placé sous l’autorité du prieur et gardera son indépendance jusqu’à 1585, quand il fut uni avec la ville. C’est en 1420 qu’un incendie détruit les bâtiments du monastère, à l’exception de l’église. Un autel paroissial fut installé dans la nef de l’église en 1523. Le monastère fut partiellement reconstruit en 1646 et au 18e siècle.
L’église fut désaffectée à la Révolution et transformée en grange et magasin à fourrage. Ses trois clochers romans et le narthex ont été détruits en 1793. Les bâtiments conventuels furent affectés à la manutention militaire en 1793. Le culte fut rétabli dans l’église en 1802 quand elle devint église paroissiale. Elle fut classée Monument Historique en 1840. Plusieurs restaurations plus ou moins importantes furent effectuées de 1850 à 1950. D’abord en 1842 (badigeon), de 1846 à 1851 (toitures, décor, murs, baies, façade), de 1870 à 1871 (transept sud), de 1892 à 1902 (façade), en 1905 (voûte de la nef), en 1910 (croisillon nord et reconstitution de deux absidioles), en 1916 (façade sud), en 1935 (couverture), en 1945 et 1946 (croisillon sud) et en 1951 (croisillon nord). Malgré ces restaurations, c’est l’un des rares monuments du 11e siècle qui soit parvenu sans altération majeure de sa pureté primitive. En 1974, d’autres restaurations ont eu lieu et des fouilles archéologiques sont faites sous la croisée de l’édifice actuel. On y a trouvé la substruction de l’église antérieure mérovingienne qui possédait une profonde abside centrale et au moins une absidiole côté nord. On a aussi trouvé trois sarcophages mérovingiens et une mosaïque avec une représentation de Saint-Colomban. En 2004-2005, enfin, l’abside a été nettoyée.

 

Description

Plan de l'égliseCoupeL’église Saint-Etienne fut construite d’un seul jet, à partir de 1068, en moyen appareil régulier de pierres de tailles d’un beau calcaire ocre. Elle fut élevée en peu de temps, du chevet au transept et à la nef, et été largement complétée vers 1090. La grande homogénéité et harmonie qui se dégagent de l’ensemble ne sont pas détruites par les restaurations des siècles derniers, qui ont fait remplacer une partie des pierres d’origine. Le plan en croix latine de l’édifice nous montre une église romane développée. Une nef de six travées est flanquée de bas-côtés surmontés de tribunes. La première travée forme un massif occidental sous deux clochers. La nef est coupée par un grand transept saillant avec deux absidioles orientées, suivi par un chœur d’une travée et d’une abside entourée d’un déambulatoire à trois chapelles rayonnantes. Le transept et le chœur sont légèrement plus bas que la nef. L’église est bien conservée à l’exception de ses trois clochers, deux clochers à deux étages de baies dominant la façade, et une tour octogonale à trois étages de baies sur la croisée du transept, rasés à la Révolution. Un porche ou narthex roman de la deuxième moitié du 12e siècle (avant 1171), remplacé tardivement par un porche classique au fronton de style grec et une tourelle d’escalier, a également disparu à la Révolution. On peut encore remarquer que la chapelle sud-est du déambulatoire et la chapelle du croisillon sud ont été reconstituées en 1910, dans leur état roman. Sur leur emplacement, se trouvaient une chapelle rectangulaire surmontée d’une tour carrée et une sacristie ouvrant sur le déambulatoire, construites vers 1475. On pouvait voir sur des cartes postales anciennes ces constructions qui détruisaient l’harmonie du chevet. Les bâtiments du prieuré, en grande partie détruits, flanquaient l’église au sud.

 

Coupe de saint-Etienne de Nevers
Coupe de l’église Saint-Etienne de Nevers

 

 

Visite extérieure

Commençons la description par la façade ouest. Le visiteur qui aborde Saint-Etienne du côté de la ville est peut-être déçu par cette façade, lourde, dénaturée et loin de son état à l’époque romane. Les deux clochers qui surmontaient la façade, avec deux étages supérieurs de plan carré avec trois baies sous une flèche octogone en pierre, ont été détruits à la Révolution. Seules les bases des tours, sans aucune décoration, demeurent aujourd’hui, ce qui donne à cette façade un aspect de nudité. On voit toujours sur la façade les corbeaux qui ont soutenu le porche roman du 12e siècle qui a également disparu et dont des fouilles en 1893 ont retrouvé les murs. La partie haute de la façade a été restaurée au 19e siècle. La grande baie au triplet moderne, avec ses arcs en mitres, et le pignon central sont des adjonctions modernes. Heureusement, la façade conserve également des détails romans, dont le cordon de billettes en bas et les trois baies trilobées en haut. Ces baies sont décorées de billettes, de quatre colonnettes aux chapiteaux feuillagés et flanquées de deux colonnettes décorées, qui supportaient un fronton roman. Le grand portail central est également roman, probablement du 12e siècle, mais restauré. Il présente deux grandes et quatre petites colonnes monolithes, trois voussures décorées de claveaux alvéolés et un cordon de billettes sur l’archivolte et l’entablement. Les chapiteaux ronds sont du type dit au tour et étaient peints à l’origine d’après des sources anciennes (fleurs de lis, rubans en zigzag, fleurons et oiseaux affrontés). Autrefois, ce portail possédait un tympan sculpté important, montrant le Christ en Majesté entre deux anges ainsi qu’un linteau représentant l’Adoration des Mages en une frise aux animaux symboliques. Rien n’est conservé de ces intéressantes sculptures.

 

Façade ouest et portail :
Façade
Clocher
Pignon
 
 
Baies
Portail
Voussures
 
 

 

De l’extérieur, la hauteur de la nef est frappante, et les trois étages de baies, dont la première est décorée à chaque travée par un arc de décharge sur pilastres, révèlent déjà l’ordonnancement intérieur de la nef. Les trois niveaux présentent des cordons de billettes autour des baies et deux corniches à modillons. La grande masse du transept est percée de deux niveaux de baies et surmontée par l’ancien clocher qui se trouve au-dessus la croisée. Comme les clochers de la façade, ses étages supérieurs ont été démolis, avec trois niveaux octogonaux aux baies géminées. Aujourd’hui la base carrée est surmontée d’un seul étage octogonal décoré sur quatre faces de trois arcatures sur colonnettes. L’absence de clocher donne à cet église un manque de couronnement, et on peut s’imaginer la splendeur du chevet surmonté par un clocher octogonal. D’autres éléments remarquables de l’extérieur du transept sont les pignons nord et sud des croisillons. Entre les deux baies du premier étage, et l’oculus cerné d’un cordon de billettes de l’étage supérieur, on trouve trois baies qui s’inscrivent dans une série d’arcatures qui constituent une partie importante du décor de Saint-Etienne. Des cinq arcades, trois sont en plein cintre et deux sont en mitre, décor rare qu’on retrouve dans quelques autres églises nivernaises et, une fois de plus, en Auvergne. Les arcatures reposent sur six colonnettes par l’intermédiaire de chapiteaux sculptés de feuilles et de palmettes. On retrouve des arcades semblables au premier niveau du coté intérieur des pignons. Des cordons de billettes décorent les baies inférieures et le fronton supérieur des pignons. Des petits portails au linteau en bâtière se trouvent dans la partie basse des murs. Le transept sud a été restauré et en partie refait en 1910 et 1945.

 

Pignon du transept et élévations extérieures

 

Transept
Nef
Arcs
Elévation
Croisillon nord
Croisillon sud
Arcatures
Clocher
 

 

De l’extérieur on peut admirer le chevet dans toute sa beauté, depuis le petit parc qui offre un peu de recul au visiteur. L’étagement des chapelles, du déambulatoire, de l’abside et du clocher est magnifique et d’une grande harmonie, le tout décoré par des bandes horizontales, des cordons de billettes, et de nombreux modillons sculptés soulignant les corniches des toitures. La chapelle axiale et les chapelles orientales du transept ont des contreforts plats bien que les deux autres chapelles du déambulatoire possèdent des contreforts-colonnes. Au-dessus des baies de l’abside, on remarque une série de vingt arcatures sur petites colonnettes comparables à celles de Cosne.

 

Photo de S. van Boxtel
Chevet de Saint-Etienne

 

Ensemble
Face nord
Abside
Arcatures
Face sud
Arcatures
Absidiole
Baie

 

Les modillons sont l’élément le plus intéressant de la sculpture de Saint-Etienne. Ils décorent les corniches du chevet, et aussi de la nef, où ils ont été très restaurés. Les sculptures présentent un riche bestiaire fantastique ainsi que des motifs végétaux et géométriques. On y trouve des têtes de monstres, des diables aux têtes cornues, une tête de loup, un démon ou singe, un porc, un cheval, un oiseau, une chouette à visage humain, des hippocampes et des masques humains. D’autres modillons sont décorés de rosaces, chevrons, losanges, perles, torsades, roues dentées ou rinceaux. Sur la nef, les modillons sont souvent à copeaux ou simplement nus. Sur le chevet on rencontre également des marques de tâcherons dans les pierres.

 

Modillons sculptés :
Monstre
Démon
Porc
Cheval

 

Visite intérieure


Elévation de la nef La nef des années 1080-1090 est sans doute la partie la plus remarquable de Saint-Etienne. On compte six travées, dont la première est surmontée d’une tribune et se situe sous les clochers occidentaux. La nef est singulière par son élévation : trois étages se superposent sous le berceau en plein cintre qui couvre la nef centrale sur une grande hauteur et qui est soutenue par des doubleaux reposant sur des colonnes engagées. Le premier étage est celui des grandes arcades à double rouleau en plein cintre, qui font communiquer la nef avec les bas-côtés. Ceux-ci sont voûtés d’arêtes sur doubleaux retombant sur des colonnes engagées des murs latéraux. Les grandes arcades et doubleaux en plein cintre retombent sur de simples piliers carrés qui sont sur chaque face flanqués de colonnes engagées aux chapiteaux nus. Le deuxième étage est celui des tribunes, unique en Bourgogne, qui se trouvent au-dessus des bas-côtés. Elles communiquent avec la nef centrale par une grande arcade géminée, sous un large arc de décharge maçonné, avec colonne monolithe centrale, deux colonnes engagées et chapiteaux nus à chaque travée. Ces arcades sont absentes dans la première travée et plus petites dans la dernière travée. Enfin, l’étage supérieur est celui des fenêtres hautes, une par travée, dix au total. C’est la différence principale entre la nef de Saint-Etienne de Nevers et celles des grandes églises du Massif Central auvergnat, où on retrouve des tribunes comparables, mais où on ne trouve pas le troisième étage. Les tribunes sont voûtées de demi-berceaux sur doubleaux, de véritables arcs-boutants internes qui soutiennent la grande voûte centrale de la nef. Ils retombent sur des colonnettes, situées entre des arcs de décharge des murs latéraux. Les tribunes s’achèvent par des petits hémicycles en cul-de-four, du côté est, flanquant des portes vers de petits escaliers menant vers les combles de la croisée. En face, les travées occidentales des tribunes sont voûtées d’arêtes et donnent sur des escaliers ronds situés dans la façade et menant vers les clochers. Des arcs en plein cintre font communiquer les tribunes avec une tribune occidentale, occupant la partie centrale de la première travée où se trouvent actuellement les orgues, et qui formait à l’origine un petit narthex ou massif occidental. La partie basse est voûtée en arête avec un grand arc retombant sur des colonnes engagées. La retombée d’un autre arc avec des colonnes engagées à chapiteaux est visible à l’étage. Cela correspondait peut-être à un agencement central avec des arcades ouvertes sur la nef comme on le trouve encore en Auvergne (Saint-Nectaire ou Manglieu), mais cela reste incertain.



Intérieur de la nef

 

Ensemble
Parties hautes
Partie ouest
Elévation
Travée
Coupe
Arcade
Voûtes
Tribunes
Bas-côté
Bas-côté
Pilier

 

Le transept est très saillant mais sa hauteur est inférieure à celle de la nef, comme c’est le cas dans les églises clunisiennes depuis le début de l’époque romane. Le transept présente deux étages d’élévation et il est éclairé de plusieurs baies en plein cintre, dont cinq baies à deux niveaux dans les faces orientales des croisillons. Les croisillons se composent de deux travées voûtées de berceaux, séparées par un haut arc diaphragme présentant cinq arcatures avec colonnettes sur un arc en plein cintre. Ces écrans intérieurs qui coupent l’espace du transept sont uniques en Bourgogne, et encore, on ne les retrouve que dans les massifs barlongs des grandes églises du Massif Central. A Nevers, on ne retrouve pas le massif barlong, la croisée entre les arcs diaphragmes est couverte par une belle coupole octogonale sur trompes, surmontant quatre arcs à double rouleau en plein cintre et des piliers à colonnes engagées. Les pignons des croisillons présentent une arcature triple sur colonnettes avec bases et chapiteaux. Comme à l’extérieur, on y trouve l’arc en mitre, ici au centre des trois arcatures. Chaque croisillon s’ouvre sur une chapelle orientée en cul-de-four au côté est, avec trois baies aux doubles colonnettes surmontées de chapiteaux à palmettes. L’église s’achève au côté est par le grand chœur, qui se compose d’une travée droite formant un ensemble cohérent avec l’abside, qui est entourée par le déambulatoire s’ouvrant sur trois chapelles rayonnantes. Le chœur est de la même hauteur que le transept, mais l’élévation intérieure est différente. La travée de chœur et l’abside montrent trois étages, comme c’est le cas pour la nef, mais sans les tribunes. Le premier étage est celui des grandes arcades, dont deux larges arcades dans la travée droite et les cinq arcades surhaussées du rond-point de l’abside. Les six colonnes aux socles polygonaux présentent des chapiteaux extrêmement simples du type dit au tour. Le deuxième étage montre un triforium aveugle, qui se compose de petites arcatures géminées avec colonnettes fuselées et pilastres. A l’étage supérieur, cinq baies avec colonnettes monolithes et petits chapiteaux au tour éclairent le sanctuaire, sous le cul-de-four de l’abside. Le déambulatoire, qui entoure la travée de chœur et l’abside, est voûté d’arêtes sans doubleaux et s’ouvre sur trois chapelles rayonnantes. Les murs latéraux présentent des colonnes engagées et quatre baies à colonnettes et chapiteaux. Les colonnes s’appuient sur un bandeau biseauté aux motifs décoratifs dont des rinceaux de feuillages et entrelacs. Les chapelles sont un peu plus profondes que celles du transept et possèdent trois baies. Il y a sept arcatures à colonnettes et chapiteaux dans la chapelle axiale et cinq dans les autres chapelles. La chapelle rayonnante sud a été reconstituée en 1910 comme l’absidiole sud du transept. Dans le chœur, on trouve encore l’autel roman qui est conservé. Un mur du déambulatoire présente une inscription du 16e ou 17e siècle retraçant la fondation par saint Colomban. Sous la croisée, un petit caveau conserve des fragments de mosaïques romanes trouvés par les fouilles, avec une représentation de saint Colomban.

 

Transept et chœur :
Transept
Croisillon
Arcatures
Coupole
Arc diaphragme
Chapelle orientée
Abside
Arcatures
Déambulatoire
Rond-point
Colonnes
Chapelle rayonnante
 
Arcs diaphragmes du transept

 

On peut remarquer le dépouillement extrême des chapiteaux. Dans la nef, presque tous les chapiteaux sont épannelés, aux corbeilles lisses qui étaient peints à l’origine d’après des sources anciennes. Seuls les chapiteaux de l’arc central de la tribune occidentale sont sculptés, avec un chapiteau à palmes et à nervures, un autre à feuilles d’acanthe, et deux autres chapiteaux au décor végétal au niveau de l’arc à l’étage. Les arcatures des croisillons du transept sont surmontées de petits chapiteaux sculptés de palmettes, de feuilles d’acanthe et d’un masque. Les chapiteaux du déambulatoire et des chapelles rayonnantes présentent un décor végétal simple avec palmettes, entrelacs, chevrons, écailles, stries, feuilles d’eau et feuilles plates. Un chapiteau dit signe des compagnons conserve un tailloir avec deux serpents mordant la patte d’une tortue. Les autres tailloirs de l’intérieur présentent un décor divers de billettes, torsades, entrelacs, baguettes, chevrons, rubans et motifs géométriques.

 

Chapiteaux sculptés :
Feuilles d’acanthe
Palmes à nervures
Signe des compagnons
 
 
Décor végétal
Feuillage
Feuilles lisses
 

 

Les bâtiments du prieuré, qui se trouvent au côté sud de l’église, ont été reconstruits et ne présentent plus beaucoup d’intérêt aujourd’hui. L’ensemble médiéval comprenait un cloître, déjà attesté vers 1100, d’un dortoir, d’une chapelle de l’infirmerie, et d’une enceinte. On retrouve encore les vestiges de l’aile nord du cloître, du 13e siècle, contre le bas-côté sud de l’église. Ses quatre travées voûtées d’ogives, avec retombées sculptées de masques et de feuillages, sont utilisées comme sacristie. On y conserve les sarcophages mérovingiens, aux panneaux décorés de croix et d’entrelacs, trouvés pendant les fouilles. En face du pignon du transept sud, où on remarque encore un ancien passage avec les vestiges d’un arc et une porte murée, se trouve le mur de l’ancien dortoir avec une porte murée du 15e siècle. Cette porte flamboyante provenant de la sacristie fut déplacée en 1910 avec une piscine à côté. On trouve enfin les bâtiments du 18e siècle et la maison du prieur avec deux tourelles flanquant une porte. Le presbytère et les bâtiments de la manutention militaire ont été détruits au début du 20e siècle.

 

Vestiges du prieuré :
Partie du cloître
Passage
Porte murée
Maison du prieur

 

 

 

A voir aussi à Nevers :

 

Visite

L’église se visite toute l’année et la visite est libre.

Pour en savoir plus sur Saint-Etienne de Nevers, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Site de la ville : http://www.ville-nevers.fr/.
Tourisme à Nevers : http://www.nevers-tourisme.com/.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/nevers/nevers.htm.
Page Structurae : http://structurae.net/structures/saint-etienne-church-nevers-1.
Page Via Lucis : https://vialucispress.wordpress.com/2013/07/30/saint-etienne-de-nevers-dennis-aubrey/.
Page Philippe Gavet : http://www.philippe-gavet.com/06/16/index.html.
Page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Nevers.
Page petit patrimoine : http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=58194_3.
Page de description : http://architectureppf.com/ppf/chapter_6/Nevers.aspx.
Page de photos : http://medieval.mrugala.net/Architecture/France,_Nievre,_Nevers,_Eglise_Saint-Etienne/.

Vous pouvez consulter les oeuvres suivants sur Saint-Etienne :

- Anfray M., L’architecture réligieuse du Nivernais au Moyen Age: les églises romanes, Paris, 1951.
- Barat, Eglise de St Etienne à Nevers, 1840.
- Barnoud P., L’église Saint-Étienne, étude préalable et restauration des façades et des toitures, 2003.
- Bourasse J.-J., Esquisse archéologique des principales églises du diocèse de Nevers, Nevers, 1844.
- Bouthier A., Fouilles de sauvetage à l’église St-Etienne de Nevers, Dijon, 1974.
- Chevochot C., La priorale Saint-Étienne de Nevers (Nièvre), Dossiers d’Archéologie, 2002.
- Crosnier A.-J., Visite de l’Eglise Saint-Etienne, Congres Archéologique, 1851.
- Crosnier A.-J., Notice historique sur l’église et le prieuré de St-Etienne de Nevers, 1853.
- Dupont J., Nivernais Bourbonnais Roman, Zodiaque, 1976.

- Dutel A., Les avant-porches de l’église Saint-Etienne à Nevers, 2000.
- Henri D., Deux prieurés en Nivernais aux XVe et XVIe siècles : la Charité-sur-Loire et Saint-Étienne de Nevers, 1995.
- Lespinasse R., Le porche ou chapiteau de l’Eglise Saint-Etienne de Nevers, Bulletin de la societe nivernaise des lettres, sciences et arts, 1896.
- Lespinasse R., Les chartes de Saint-Etienne de Nevers, Nevers, 1907.
- Masson J., Saint-Etienne de Nevers et les Eglises romanes à nef et collatéraux éclairées et voutées, Position de thèses de l’école de Chartres, 1942.
- Salet F., Saint-Etienne de Nevers, Congrès archéologique de France, 1967.
-
Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.
- Serbat L., Eglise Saint-Etienne, Congrès archéologique de France, 1913.
- Vieillard M., Trois sarcophages mérovingiens découverts à Saint-Etienne de Nevers en janvier 1974, Bulletin monumental, 1980.
- Zenner M.-Th., Saint-Etienne de Nevers : un ancien prieuré de Cluny dans le Nivernais, la Camosine, 1995.
- Zenner M.-Th., Methods and Meaning of Physical Analysis in Romanesque Architecture : A Case study, Saint-Etienne in Nevers, Univ. Microfilms, 1994.

 

 


 

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