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Saint-Pierre-le-Moûtier

 

Edifice
Eglise Saint-Pierre, ancienne priorale
Situation
Centre bourg, 58240 (Nièvre)
Parties Romanes
Nef, bas-côté sud, transept et parties du chœur
Décoration Tympan du portail nord, chapiteaux de la nef, arcs à claveaux, modillons
Datation
Début du 12e siècle (église) et fin du 12e siècle (portail nord)

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

IntroductionChapiteaux de la nef

Le bourg de Saint-Pierre-le-Moûtier, aux confins du Nivernais et du Bourbonnais, possède une grande église remaniée dotée de sculptures romanes de qualité. Il s’agit d’un ancien prieuré bénédictin, fondé au 8e ou 9e siècle, qui dépendait de l’abbaye Saint-Martin d’Autun. L’église romane a été construite vers 1100 puis incendiée et remaniée à plusieurs reprises. La nef, le transept et le chœur de l’édifice roman sont encore debout, mais les voûtes, la façade, le chevet et le clocher ont été refaits plus tard. La nef de six travées conserve encore ses arcades sur piliers à colonnes engagées. Le bas-côté sud est roman, celui du nord a été refait en gothique. Le transept et le chœur à bas-côtés ont également été sévèrement restaurés. Sous l’église, il y aurait encore une crypte préromane comblée. Les chapiteaux des piliers et des parties hautes de la nef présentent un ensemble de sculptures parmi les plus importants de la Nièvre. Le style ressemble à celui des ateliers du Brionnais. On y trouve des feuilles d’acanthes ainsi que des animaux fantastiques, des monstres et plusieurs scènes historiées. A l’extérieur, l’église a peu de caractère, mais elle conserve encore des modillons sculptés et trois portails romans. Le portail côté nord, menant autrefois au cloître disparu, présente un décor sculpté intéressant. Datant de la fin du 12e siècle ou du début du 13e siècle, le tympan quintilobé de facture tardive présente le Christ en majesté entre les quatre Evangélistes. Sur les voussures on trouve quatre beaux anges thuriféraires sculptés en haut-relief. Il n’y a plus de vestiges de l’ancien prieuré, mais le presbytère en face de l'église possède encore un joli portail.

 

 

Photo de atlas-roman
Chevet de l'église remaniée

 

 

Historique

L’église occupe le site d’une villa romaine. Un prieuré bénédictin y fut fondé au 8e ou 9e siècle, peut-être vers 740, et mentionné en 842. Il dépendait de l’abbaye Saint-Martin d’Autun à laquelle les terres avaient été données au 7e siècle par la Reine Brunehaut. L’église fut reconstruite au début du 12e siècle, vers 1100, à l’emplacement de la première église du monastère. Elle fut en partie détruite par le feu à la fin du 12e siècle. Saint-Pierre avait alors une importance considérable : ville forte depuis 990, elle devint ville royale en 1169 et un baillage royal y fut installé en 1222 par Philippe Auguste. L’église devint paroissiale en 1234 et fut remaniée à plusieurs reprises du 13e au 17e siècle. Restaurée en 1868, elle est classée Monument Historique en 1886. Les bâtiments claustraux, qui avaient été reconstruits au 17e siècle, furent définitivement détruits en 1910.

 

Photo de atlas-roman
Intérieur de la nef

 

 

Description

L’église présente actuellement un ensemble très remanié sur un plan rectangulaire. De l’église romane, construite vers 1100 et achevée un siècle plus tard, on retrouve encore l’élévation de la nef, le bas-côté sud, le transept et une partie du chœur remanié. Une crypte comblée, peut-être préromane, existerait encore sous le chœur. L’église fut remaniée à plusieurs époques et très restaurée au 19e siècle : le bas-côté nord est de la fin du 13e siècle, les chapelles latérales de la nef sont des 15e et 16e siècles et la voûte de la nef est du 19e siècle. Le chevet plat remplace probablement un chevet roman avec une abside et deux absidioles. Le clocher de la croisée ainsi que les sacristies derrière le chevet sont modernes. La Chapelle de Jeanne d’Arc au nord date de 1934. Un cloître entouré de bâtiments monastiques, détruit, se trouvait au nord de l’église. Un portail du 17e siècle sur la Place Jeanne d’Arc en est le seul vestige.

 

Plan des parties romanes en rouge

 

De l’extérieur de l’église on ne reconnait la structure romane de l’édifice que par les fenêtres hautes de la nef, les murs du transept et les modillons sculptés de têtes du chœur. La façade ouest, remaniée à l’époque gothique, présente un triplet de baies et une chapelle avec deux statues de saints. Son portail modeste présente des colonnes, des chapiteaux à crochets et des voussures. Le chevet plat, de l’autre côté, présente également un triplet de baies. Une tourelle flanque le transept, dont la croisée est surmontée par un clocher refait aux baies simples. Le portail sud de la nef présente une archivolte à entrelacs et six chapiteaux à feuillages, mais surtout le portail nord est remarquable.

 

Extérieur de l'église :
Ensemble
Chevet
Chœur
 
 
Modillons
Flanc nord
Flanc sud
 
 
Nef
Portail sud
Façade
 

 

Photo de atlas-roman
Le tympan du portail nord

 

Le portail nord du transept, qui donnait sur le cloître du prieuré, présente un beau décor sculpté. Il date de la fin du 12e siècle ou du début du 13e siècle et présente l’un des derniers tympans romans de la Bourgogne. Il présente des analogies certaines avec ceux de Saint-Benoît-sur-Loire (45), datant des années 1200, et de Germigny-l’Exempt (18). Sur le tympan on trouve le Christ en majesté, bénissant et portant le globe du monde, entre les quatre Evangélistes sous cinq lobes. En haut, Jean et Mathieu écrivent sur des pupitres sculptés de feuillages. Des traces de peinture attestent la polychromie d’origine. Sur la voussure, admirons quatre anges thuriféraires, avec chandeliers et encensoirs, et deux autres anges en haut. L’archivolte en arc brisé est sculptée de rinceaux de feuillages d’acanthe. Deux colonnettes avec des chapiteaux feuillagés sont surmontées de dais, abritant autrefois des statues-colonnes, dont la structure représente une ville. Sur les corbeaux du portail on trouve deux personnages, jeune et âgé, représentant le cours d’eau.

 

Photos du portail nord :
Ensemble
Tympan
Le Christ
Tête du Christ
Evangéliste
Corbeau
Chapiteau avec dais
Corbeau
Les voussures
Ange thuriféraire de la voussure
Anges de la voussure
Ange thuriféraire de la voussure

 

L’intérieur de l’église, conservant sa structure romane, est intéressant. La nef se compose de six travées à deux étages. Elle n’est pas symétrique puisque son élévation se compose de six arcades romanes au sud et de quatre arcades gothiques au nord. Cette composition date de la reconstruction du bas-côté nord au 13e siècle, avec quatre travées sous voûtes d’ogives, où on remarque la réintégration de trois piliers romans. Au sud, les grandes arcades en plein cintre surhaussées retombent sur des piliers cantonnés de trois colonnes engagées et d’un pilastre. Six fenêtres hautes s’ouvrent sous la voûte en berceau, refaite en 1858, entre de hautes colonnes engagées romanes. Le bas-côté sud est roman, ses voûtes d’arêtes modernes sur des arcs doubleaux retombent sur des pilastres sans imposte. Trois chapelles au sud et deux au nord flanquent les bas-côtés. Le transept conserve sa structure romane en partie. La croisée, dont la voute a été refaite en arête au 17e siècle, présente des arcs en plein cintre à double rouleau au sud et à l’est. Les croisillons sont voûtés en berceau mais les arcs du croisillon nord sont gothiques. Le chœur, également voûté en berceau, est éclairé par deux baies dans les faces latérales et par trois baies dans le chevet plat. Le chœur communique avec les bas-côtés, formant deux chapelles latérales, par des arcades en anse de panier. Comme le chœur, ils sont voûtés en berceau et présentent un chevet plat. Remarquons leurs arcs, au décor roman original de claveaux alvéolés, et les baies gothiques. Enfin, on peut trouver dans l’église un gisant du 15e siècle, une pierre tombale du 16e siècle, des culots sculptés et des fresques modernes.

 

Intérieur de l'église :
Nef
Elévation
Elévation
Colonnes
Chœur
Transept
Chapelle
Arc
Bas-côté sud
Bas-côté nord
Chapiteaux
Baies de l'abside

 

La nef conserve 23 chapiteaux romans intéressants, au niveau des piliers et dans les parties hautes. Leur conception, proche des chapiteaux du chœur d’Anzy-le-Duc, montre des liens évidents avec les premiers ateliers de sculpture de la Bourgogne du sud. Huit chapiteaux sont sculptés de décors végétaux de type corinthien dont la conception est de grande qualité : feuilles d’acanthe, palmettes, feuillages et volutes. Les autres reçoivent des scènes historiées, des animaux ou des têtes humaines. Sur les piliers au sud de la nef on découvre, de l’ouest à l’est : quatre griffons affrontés deux à deux sur un décor feuillagé, la scène de la Discorde et la Concorde avec des hommes qui se disputent et un couple qui s’embrasse, le chapiteau d’un musicien avec son harpe, avec à droite le montreur d’ours et à gauche un couple qui pourrait représenter Adam et Eve chassés du paradis (sous une inscription VIVENCTUS : GIRALDUS FILIUS), un feuillage avec un beau tailloir décoré en bas-relief, des palmettes et des masques humains barbus, des lions affrontés dans un décor feuillagé (avec un animal dans le tailloir) et des têtes humaines entre des monstres vomissant des rinceaux de feuillages. Au nord de la nef, les piliers en réemploi conservent cinq chapiteaux romans, avec deux aigles, Daniel dans la fosse aux lions et d’autres têtes humaines entre monstres vomissant des rinceaux de feuillages.

 

Les chapiteaux des piliers :
Griffons affrontés
Discorde et Concorde
Tailloir décoré
Palmettes et masques
Lions et feuillages
Têtes humaines entre monstres vomissant
Daniel dans la fosse aux lions
Aigles
Feuillage
Feuillage
Feuillage
Feuillage

 

Photo de atlas-roman
Chapiteau des musiciens

 

Dans les parties hautes de la nef, sous les voûtes, huit chapiteaux méritent l’attention, dont cinq au sud et trois au nord. On y distingue deux chapiteaux de chouettes, un Roi entre deux personnages, deux chapiteaux d’hommes luttant avec un monstre, un autre chapiteau à deux aigles et deux chapiteaux de feuillages. Remarquons également les tailloirs de certains chapiteaux, sur les chapiteaux en haut comme sur ceeux des piliers, décorés de billettes ou de demi-rosaces.

 

Les chapiteaux des parties hautes :
Chouettes (1)
Roi et personnages
Chouettes (2)
Hommes luttant avec monstre (1)
Aigles
Hommes luttant avec monstre (2)
Feuillage
Feuillage

 

 

Visite

Pour en savoir plus sur Saint-Pierre-le-Moûtier, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Site sur le village : http://perso.wanadoo.fr/maquet/.
Site de la mairie : http://www.mairie-stpierrelemoutier.fr/.
Site de l'Office de Tourisme : http://saintpierremagnycours-tourisme.jimdo.com/.
Blog : http://saintpierrelemoutier.over-blog.com/.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/stpierremoutier/stpierremoutier.htm.
Page emonnier : http://emonnier48.perso.sfr.fr/egliseromane/nievre/stpierremoutier/stpierre.htm.
Page structurae : http://structurae.net/structures/saint-pierre-priory-church.
Page wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Pierre_de_Saint-Pierre-le-Mo%C3%BBtier.
Page blog Romaanse kunst en architectuur : http://romaansekunstenarchitectuur.skynetblogs.be/archive/2016/01/09/eglise-saint-pierre-te-saint-pierre-le-moutier-nievre-58-8552953.html.
Page Pierre Collenot : http://pierre.collenot.pagesperso-orange.fr/Issards_eng/epoques/ancienreg/st_pierre_le_moutier.htm.
Page Philippe Pissier : http://philippepissier.canalblog.com/archives/eglise_saint_pierre__saint_pierre_le_moutier_/index.html.
Page Montjoye : http://www.montjoye.net/eglise-saint-pierre-le-moutier.

Remerciements : les photos de la page sont de atlas-roman et de Julianna Lees.

 

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Anfray M., L'architecture religieuse du Nivernais au Moyen Age: les églises romanes, Paris, 1951.
- Dupont J., Nivernais-Bourbonnais Roman, Zodiaque, 1976.
- Gonat A., Notice historique sur Saint-Pierre-le-Moûtier, 1908.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.

 


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