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Anzy-le-Duc

 

Edifice
Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption, ancien prieuré de la Sainte-Trinité, la Sainte-Croix et la Sainte-Marie
Situation
Centre village, 71110 (Saône-et-Loire)
Parties Romanes
Entièrement : nef, transept, chœur, clocher, crypte et parties de l'ancien prieuré
Décoration Portails de la façade et du prieuré, 40 chapiteaux, bases de colonnes, modillons sculptés, fresques romanes, baies du clocher
Datation
Début du 11e siècle (crypte), fin du 11e siècle (chœur et transept) et début du 12e siècle (nef)

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

Eglise d'AnzyBien que de dimensions modestes, la priorale d’Anzy-le-Duc est parmi les plus merveilleuses églises romanes de la Bourgogne. L’édifice d’un calcaire qui semble doré, dont le haut clocher octogonal domine le petit village et le paysage paisible du Brionnais, est l’une des haltes majeures sur la route des églises romanes de cette région très intéressante. L’église était celle d’un prieuré bénédictin dont les origines remontent au 9e siècle, dépendant de l’abbaye Saint-Martin-d’Autun. Anzy ne tomba jamais sous la coupe de Cluny, mais les relations et influences sont indéniables, et les ressemblances avec le monastère clunisien de Charlieu sont évidentes. La priorale, construite en plusieurs étapes à partir du 11e siècle, est exceptionnelle par son architecture très originale ainsi que par ses sculptures d’une grande abondance. La partie la plus ancienne est la crypte intéressante sous le chœur. Le chœur et le transept sont de la fin du 11e siècle, avec un plan dit bénédictin : une abside centrale prolongée par une absidiole et entourée de quatre chapelles échelonnées s’ouvrant sur le transept et la travée du chœur. Cela forme un ensemble harmonieux qui existait aussi non loin d’Anzy à l’abbatiale de Charlieu. La nef de l’église, du début du 12e siècle, se compose de cinq travées flanquées de bas-côtés. Elle est très remarquable par son élévation : c’est l’une des plus anciennes en Bourgogne des nefs à deux étages entièrement voûtées d’arêtes, modèle qui sera repris dans les environs au cours du 12e siècle, et même à la grande abbatiale de Vézelay. L’ensemChapiteauble très harmonieux est complété par un magnifique clocher à trois étages octogonaux de baies géminées surmontant la coupole du transept. C’est ensuite par les sculptures de première importance que le visiteur sera enchanté. Les chapiteaux de la nef forment un ensemble sculpté remarquable et montrent des scènes historiées admirables, des animaux fantastiques et des feuillages d’un bel effet. On remarque d’autres sculptures romanes aux modillons de la nef et aux bases des piliers. C’est aussi par les portails que la sculpture d’Anzy est célèbre : trois portails du prieuré sont conservés dont deux sont encore en place actuellement. D’abord le portail ouest de l’église, où le tympan montre un Christ en majesté entre deux anges et les apôtres du linteau, de facture clunisienne. Dans l’enceinte du prieuré, près de la grande tour qui conserve encore ses baies romanes, se trouve un deuxième portail sculpté d’une facture plus tardive, où on peut admirer l’Adoration des Mages, la tentation d’Adam et Eve et le Jugement Dernier. Il s'est inspiré probablement du tympan d’Autun, et s'apparente au portail de Neuilly-en-Donjon. Enfin, un troisième portail qui compte parmi les plus réussis de la Bourgogne se trouve au musée Hiéron à Paray. Il s’agit du portail dit d’Arcy provenant de l’entrée principale du prieuré, où on trouve sur le tympan un autre Christ en gloire, et sur le linteau la scène unique de la Vierge Marie allaitant l’enfant Jésus. Le dernier trésor de cette église très attachante est constitué de ses fresques restaurées décorant l’abside et les absidioles.

 

Historique

Le village d’Anzy est le site d’Enziacum où se trouvait au 9e siècle la demeure de Letbalt (ou Letbalde), viguier de Semur-en-Brionnais, et sa femme Altaric (ou Altasie) de Poitiers. En 876, le couple fait don de son domaine à la puissante abbaye de Saint-Martin d’Autun. Un prieuré bénédictin y fut alors construit vers 880 sous la direction du moine Hugues de Vue d'ensemble du prieuré (Photo de Thierry Cornier)Poitiers, le premier abbé du monastère, arrivé de Saint-Savin-sur-Gartempe en Poitou. Une première église fut bâtie, dédiée à la Sainte-Trinité, la Sainte-Croix et la Sainte-Mère de Dieu et Vierge Marie et entourée d’un hospice et de locaux monastiques. Après la mort de l’abbé en 930, un culte important se développe pour saint Hugues d’Anzy, renforcé par plusieurs miracles. Ses reliques furent révélées en 1001 et un nouveau tombeau est érigé pour le saint. La translation solennelle du corps eut lieu en 1001 et en 1025, les reliques furent emmenées au deuxième concile d’Anse. Soutenu par Odilon de Cluny, le prieuré obtient de nouveaux moyens et l’église priorale fut reconstruite en plusieurs étapes au 11e siècle. Cette église, dont on conserve probablement la crypte, avait une nef sous charpente et un chœur bénédictin. Elle fut agrandie dans le nouveau style roman jusqu’au début du 12e siècle et dotée d'un décor important. Le prieuré fut agrandi et transformé en un monastère complet, défendu par des enceintes et des tours. Il prospéra jusqu’à la fin du Moyen Age. Le déclin commence par les pillages et ravages : le passage des troupes anglaises du Prince Noir en 1368, la mise à sac par les Huguenots en 1576 qui dispersent les reliques, et le passage des Ligueurs catholiques en 1594. La flèche du clocher fut incendiée par la foudre en 1652. Il fut restauré en 1654 par Philippe Bouton. Le monastère fut sécularisé à la Révolution. La crypte et les bâtiments du prieuré furent vendus en 1791, d’autres bâtiments seront démolis, l'église fut utilisée comme entrepôt et son portail ouest fut mutilé. L’église fut achetée par quatre habitants en 1808. Elle devint église paroissiale dédiée à Notre-Dame-de-l’Assomption en 1818, quand elle fut rachetée par la commune, après la destruction de l’ancienne église paroissiale du village qui se trouvait sur le cimetière des Colins. Elle fut classée Monument Historique en 1851 (le portail du prieuré ne le fut qu'en 1922 et les bâtiments du prieuré en 1992). A cet époque sont découvertes les fresques du chœur dégagées en 1854-1855 et restaurées en 1857. La crypte, transformée en cave après la Révolution, fut donnée à la commune en 1987 par le propriétaire du prieuré. Elle fut restaurée et ouverte au public en 1994. Des fouilles ont rétabli l'accès primitif au niveau des transepts. Le portail du prieuré a été restauré en 2002. L'association des Amis de l'église d'Anzy-le-Duc a été fondée en 2009. Après plusieurs restaurations, l’église a maintenant retrouvé toute sa splendeur d’antan.

 

Description

L’église d’Anzy offre beaucoup de trésors romans à découvrir. Bien conservée dans son entier, elle offre un plan développé, proche de celui de Charlieu, avec une nef à cinq travées et bas-côtés, un transept profond et un chœur avec une abside centrale entourée de cinq absidioles orientées. Sous le chœur s’ouvre une crypte qui est la partie la plus ancienne de l’édifice, peut-être du début du 11e siècle. L'église fut construite en calcaire jaune, avec deux étapes évidentes, marquées par les différences entre le petit appareil du chœur et du transept et les gros moellons de la nef moins ancienne. On a longtemps attribué la partie orientale à la première moitié du 11e siècle, d'après ses caractéristiques archaïques, et la nef à la fin du 11e siècle. Les recherches ont démontré que le chœur et le transept datent probablement de la fin du 11e siècle, commencés vers 1080, tandis que la nef fut évidemment érigée au début du 12e siècle, vers 1110. Une sacristie flanque l'église au nord et les bâtiments du prieuré se trouvent au sud autour d'une cour. Je vous propose ici une visite approfondie en quatre étapes : extérieur, intérieur, chapiteaux et prieuré.

Plan de l'église

 

Visite extérieure

L’extérieur de l’église montre l'appareil en calcaire doré du Brionnais. Il est dominé par le magnifique clocher octogonal à trois étages de baies géminées sur un soubassement nu. Il date de l’achèvement de l’édifice au 12e siècle et présente une grâce extraordinaire, inégalée en Bourgogne. Les baies géminées avec doubles colonnettes à chapiteaux, sous des archivoltes et des arcatures lombardes, montrent une évolution de bas en haut. Le décor du dernier étage s'augmente de colonnettes d'angles, de modillons et de corniches à billettes. La façade de l’église, fermant joliment une allée d’arbres, présente un portail d’entrée sous une grande baie à colonnettes et chapiteaux dans un pignon avec contreforts. Les travées de la nef sont rythmées de pilastres-contreforts et de séries de petits modillons. Le remarquable chevet, avec ses absides échelonnées en petit appareil, est plus difficile à apercevoir de l’extérieur car il se trouve sur le site privé de l’ancien prieuré.

 

Images de l'extérieur de l'église :
Photo du site www.terres-romanes.lu
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Ensemble
Clocher
Façade
Baie
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Nef
Baie
Chevet
Abside

 

Photo de Thierry Cornier
Le clocher extraordinaire

 

Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
 
Clocher
Clocher
Clocher
 
Photo de Thierry Cornier
 
Partie supérieure
Baie
Baie
 

 

Les modillons des corniches extérieures marquent un ensemble important de décor roman. Leurs sculptures sont particulièrement abondantes, surtout sur les deux corniches du flanc sud de la nef. On y rencontre des personnages et animaux avec beaucoup de fantaisie : des hommes attrapant un coq et une oie, des hommes à moustache et barbe, un cyclope, un joueur de boules, un singe, un atlante, le tireur d'épine, un pélican, une sirène, un homme renversé, un chevalier ainsi que des monstres et des feuillages. Le décor au nord de la nef est plus modeste et plusieurs modillons ont été reconstitués. Les modillons des croisillons du transept sont sculptés de mains et de têtes. Ceux du chevet sont à copeaux ou également sculptés d'animaux ou de motifs végétaux.

 

Modillons de la nef

 

Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
 
Joueurs
Tête barbue
Homme renversé
 
 
Monstre
Tireur d'épine
Scènes
 
 
Sirène
Animaux
Têtes et mains (transept)
 

Le portail ouest est le premier des fameuses entrées sculptées du prieuré qui comptait deux autres portails historiés à l’origine. Son décor, mutilé à la Révolution, représente l’Ascension glorieuse du Christ. Il fut sculpté par des artistes de Cluny au début du 12e siècle, après l'achèvement de la nef, dans un style bien typique pour cette époque de l’art roman bourguignon. Il est à rapprocher avec le portail ouest de Charlieu ou celui de Montceaux-l’Etoile. Le tympan représente le Christ en Majesté assis dans sa mandorle, avec sa nimbe crucifère et son livre, entouré par deux anges adorateurs aux ailes déployées. Le linteau en faible relief est comblé par les douze apôtres, dont certains ont les doigts levés, et la Vierge Marie. Les deux petits corbeaux qui le soutiennent sont occupés par des atlantes, dont un est accompagné par un âne musicien. La voussure externe entourant le portail, au décor végétal, fut largement refaite au début du 20e siècle. La voussure interne, très mutilée, est décorée de 19 vieillards de l’apocalypse avec leurs coupes et cithares. Leur style plus évolué que le tympan évoque la sculpture clunisienne. Les quatre chapiteaux très mutilés, surmontant des colonnes aux bases décorées, portaient les cinq derniers vieillards de l’apocalypse.

 

Images du portail ouest de l'église :
Portail
Tympan
Christ
Linteau
Voussures
Vieillards de l'Apocalypse
Vieillards de l'Apocalypse
Vieillard de l'Apocalypse
Corbeau : atlante et âne
Corbeau
Chapiteau
Détail de chapiteau

 

Photo de Julianna Lees
Apôtres du linteau du portail ouest

 

 

Visite intérieure

On visite ensuite l’intérieur de l’église, original et particulièrement harmonieux. La nef, modèle d'équilibre, est un prototype de l’architecture romane de la Bourgogne. Les cinq travées, élevées sur deux étages avec grandes arcades à double rouleau et fenêtres hautes, sont voûtées d’arêtes sur doubleaux à double rouleau. Les piliers cruciformes, flanqués de trois colonnes engagées recevant les arcs doubleaux, séparent la nef des bas-côtés voûtés d’arêtes, dont les doubleaux retombent sur des pilastres avec dosserets. Datant du début du 12e siècle, c’est le prototype des modèles typiquement bourguignons répandus dans le diocèse d’Autun, aux alentours d’Avallon et même repris à la grande basilique de Vézelay. Les deux premières travées sont légèrement plus tardives. Les baies de la façade, des bas-côtés et des parties hautes inondent la nef de lumière.

Intérieur de la nef

 

Photo de Thierry Cornier
Ensemble
Nef
Fenêtres hautes
Elévation
Photo de Thierry Cornier
Piliers
Voûte
Bas-côté sud
Bas-côté nord

 

Le transept est bas et saillant par rapport à la nef. Il date de la fin du 11e siècle et montre ses murs aux appareils anciens. La croisée est voûtée en coupole octogonale sur trompes, au-dessus de quatre arcades en plein cintre retombant sur des piliers cruciformes à colonnes engagées, comme dans la nef. Les croisillons sont voûtés en berceaux et s'ouvrent sur les absidioles et les bas-côtés par des arcades basses. Des baies s'ouvrent dans les pignons. Le transept était l'espace central de l'église de pèlerinage, communiquant avec l'extérieur et avec la crypte par des entrées, avant le rehaussement du sol au 12e siècle. L'aménagement d'origine a été reconstitué dans le croisillon nord où on trouve également un petit portail. On trouve dans le transept les orgues de 1991 et des mosaïques de 2008.

Le chœur est composé d’une travée rectangulaire en berceau avec bas-côtés sous voûtes d'arêtes, d’une abside centrale et de deux autres absidioles orientées. De grandes arcades retombant sur des colonnes engagées font communiquer la travée et ses collatéraux. L’abside est décorée d’arcatures de type lombard sur pilastres. Elle est prolongée par une cinquième petite absidiole, disposition rare, existant également à Charlieu. Le chœur date des années 1080 et son plan dit bénédictin est dérivé de la basilique de Cluny II. Les vitraux et autels sont modernes.

 

Transept et choeur :
Photo de Thierry Cornier
Croisée
Coupole
Croisillon
Mur
Photo de Thierry Cornier
Choeur
Abside
Absidiole nord
Absidiole sud

Dans les absides du chœur se trouvent des fresques romanes restaurées. Les fresques datent du 12e siècle et furent découvertes en 1850. Dégagées vers 1855, elles ont été restaurées voire même largement refaites en 1857 par le peintre Jean-François Maurice. Dans le cul-de-four de l’abside est peinte l'Ascension avec, sur fond bleu-vert, le Christ dans sa mandorle entre deux anges. En dessous, se trouvent les douze apôtres et les trois saintes femmes. Plus bas, sous les arcatures, sont représentés les symboles des quatre Evangélistes avec leur tête nimbée et leur livre. Dans les arcades de l’abside, à gauche et à droite, on rencontre les fondateurs Letbald et Altaric faisant leurs donations de domaine, sous des inscriptions modernes. D’autres scènes bibliques sont peintes sous forme de fresques dans l’absidiole prolongeant l’abside : la vie de saint Benoît, la vie de saint Maur, l'oblation de saint Maur à saint Benoit et l’apparition de saint Germain à saint Benoit. La colombe de la Trinité se trouve sur la voûte. Les fresques de l'absidiole nord, représentant la vie de saint Jean l’Evangéliste, ont été en grande partie refaites au 19e siècle. On y rencontre des scènes de l'arrestation du saint conduit par deux soldats, la condamnation à mort par un Roi couronné et la décollation. Les fresques de l'absidiole sud ont été mieux conservées. Ses huit panneaux représentent le martyre de saint Jean-Baptiste. L'histoire est racontée de gauche à droite, de haut en bas : Jean-Baptiste devant Hérode, Jean-Baptiste en prison, Hérode et Salomé, Tête de Jean-Baptiste apporté à Salomé, corps de Jean-Baptiste recueilli par deux disciples, corps de Jean-Baptiste déposé dans un tombeau par deux compagnons, Révélation à deux moines et mise de la tête de Jean-Baptiste dans un tombeau.

 

Les fresques de l'abside

 

Photo du site www.terres-romanes.lu
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Cul-de-four
Christ
Letbaldus
Altaric
Photo du site www.terres-romanes.lu
Photo du site www.terres-romanes.lu
Photo de Thierry Cornier
Absidiole centrale
Saint
Ange
Absidiole nord

 

La crypte sous le chœur, dont elle reprend le plan, est la partie la plus ancienne de l’église. Elle date peut-être du début du 11e siècle, de la reconstruction romane de l'église, mais certains pensent qu’elle date même du 10e siècle ou de l’époque carolingienne de la fondation du prieuré. C’est un espace de style archaïque, avec une nef centrale, une abside avec chapelle axiale, et deux espaces latéraux avec absidioles. Les voûtes d’arêtes reposent sur quatre colonnes et deux demi-colonnes, peut-être des réemplois antiques, aux chapiteaux sans sculptures. Des baies éclairent directement l'espace. C'est la seule crypte du Brionnais. On y vénérait autrefois le tombeau et les reliques de saint Hugues, jusqu'au 16e siècle. Quelques traces de fresques du 14e siècle, dont le visage d'un moine, sont encore à remarquer. L'entrée par le transept nord a été restaurée, à l'origine il y avait deux escaliers avec une seule sortie au devant du chœur. Il y avait également des fenestrella qui faisaient communiquer la crypte avec la croisée de l'église haute.

La crypte :
Photo du site www.terres-romanes.lu
Photo de Thierry Cornier
Photo de Thierry Cornier
Ensemble
Nef
Abside
Absidiole

 

 

Les chapiteaux

Visitons ensuite les intéressantes sculptures intérieures de l’église. La nef et le chœur comptent 40 chapiteaux romans, décorés de scènes historiées de thèmes bibliques, de scènes allégoriques ou symboliques, d’animaux fantastiques ou de motifs végétaux. Les chapiteaux de la nef sont du début du 12e siècle, ceux des travées occidentales ont subi l’influence de Cluny. Les chapiteaux du chœur, de la fin du 11e siècle, sont de facture nettement plus ancienne. Tous ces chapiteaux sont de très bons exemples de la naissance de la sculpture monumentale en Bourgogne. De nombreux chapiteaux ont servi de modèle pour d’autres sites dans la région : Gourdon, Bois-Sainte-Marie, Tournus et aussi Vézelay. Ci-dessous on mentionne tous les chapiteaux sculptés de scènes avec personnages ou animaux. Les chapiteaux aux motifs végétaux, il y en a une vingtaine, sont décorés de feuillages stylisés, de feuilles d’acanthe, de palmettes, d’entrelacs, de rinceaux, de godrons en forme d'oves, de crosses, de volutes et de fleurons. Remarquons également les tailloirs souvent décorés de motifs géométriques ou végétaux.

 

Chapiteau de la nef : le combat des vieillards

 

Le bas-côté sud présente dix chapiteaux de piliers, dont cinq décors entièrement végétaux. Depuis l'entrée, le premier pilier présente le chapiteau des têtes humaines entre des masques d’animaux, qu'on rencontre dans plusieurs autres églises de la région. De l'autre côté du pilier, une tête de monstre dans le feuillage. Le deuxième pilier porte le chapiteau mystique de la Luxure, où on admire de gauche à droite : un dresseur de lion, un musicien diabolique, un personnage étrange à deux bustes d'homme et de femme, un démon aux cheveux en flammes et un sciapode. Sur le troisième pilier, deux lions affrontés posant leur patte sur une tête humaine. Le dernier chapiteau est celui des quatre fleuves du Paradis avec deux personnages portant des cornes d’abondance. Dans les parties hautes de la nef centrale il y a huit chapiteaux, qui sont sculptés de feuillages, à l'exception de deux chapiteaux au sud : l'avarice et encore deux lions affrontés posant leur patte sur une tête humaine.

Chapiteaux du bas-côté sud :
Têtes humaines et masques d’animaux
Feuillage et monstre
Luxure (avec dresseur de lion)
Luxure (avec sciapode)
Lions affrontés et têtes
Fleuves du Paradis
Feuillage

Feuillage

Le bas-côté nord présente également dix chapiteaux de piliers, dont trois décors végétaux. Depuis l'entrée, le premier pilier présente des oiseaux affrontés deux-par-deux dans un décor de feuillage d'acanthes. De l'autre côté du pilier, Daniel dans la fosse aux lions est représenté par deux hommes assis entre des lions et des rosaces à pétales. Ensuite, Samson combattant un lion est un autre thème classique. Un acrobate dévoré par deux serpents monstrueux entrelacés est une belle représentation de l'homme luttant contre les forces du mal ou peut-être de Jonas et la baleine. Sur le troisième pilier, Saint-Michel terrassant le dragon, où l'archange avec épée et bouclier pointu attaque un diable avec trident. Un autre chapiteau aux lions affrontés deux-par-deux précède le beau sujet du combat de deux vieillards barbus entre des masques diaboliques tirant la langue, avec à gauche deux hommes ou singes s’embrassant et à droite un homme debout en colère.

Chapiteaux du bas-côté nord :

Oiseaux affrontés
Daniel dans la fosse aux lions
Samson combattant un lion
Acrobate et serpents
Saint-Michel terrassant le Dragon
Lions affrontés (I)
Combat des Vieillards

Feuillage

Les chapiteaux des parties orientales sont les plus anciens. Des huit chapiteaux des piliers de la croisée, deux représentent encore des lions affrontés deux-par-deux, les autres sont des feuillages. Les quatre chapiteaux des grandes arcades de la travée de chœur constituent deux couples. Du côté du transept, de grands couples d'aigles aux ailes déployées avec des symboles de svastika. Le chapiteau au sud comporte également des petits monstres. Enfin, les chapiteaux entre les absides représentent un atlante entre deux hommes assis et deux singes. Le chapiteau au nord conserve un tailloir sculpté de têtes.

Chapiteaux du transept et du chœur:

Lions affrontés (II)
Lions affrontés (III)
Feuillage
Feuillages
Aigles et monstres
Aigles
Atlante (I)
Atlante (II)

 

Plusieurs autres sculptures romanes sont à découvrir à l’intérieur. Les bases des colonnes sont décorées de feuillages ou de motifs géométriques, comme à Perrecy ou à Mâcon. Le revers du linteau du portail ouest porte un très beau motif de feuillages à rinceaux en méplat avec deux petites têtes humaines aux angles. L’arc triomphal entre la nef et la croisée porte deux sculptures de lions sur les faces et deux personnages en haut de l’arc, peut-être des saints ou les fondateurs du prieuré. Une Vierge à l’enfant sous un dais en forme de rosace décore un arc du croisillon nord. L'entrée au chœur depuis le croisillon sud porte une imposte sculptée de deux serpents entrelacés qui se mordent la queue. L’autel majeur du chœur porte encore une inscription latine de la fin du 11e siècle, retrouvée au 19e siècle, concernant la dédicace de l’église : à la très haute et indivisible Trinité, à la vénérable Croix et à la Sainte Mère de Dieu et Vierge Marie. Le deuxième pilier sud de la nef porte un alphabet latin mystérieux.

Autres sculptures romanes :
Base de colonne
Base de colonne
Revers du portail
Détail du linteau
Lion
Vierge à l'Enfant
Imposte à deux serpents
Inscription de l'autel

 

Le prieuré

Les bâtiments du prieuré se trouvent encore au flanc sud de l'église, autour d'une cour centrale à l'emplacement du cloître disparu. Le logis du prieur reconstruit et quelques bâtiments des 16e et 17e siècles sont aujourd’hui propriétés privées. Les remparts du monastère, du 12e siècle, entourent encore l’enclos au sud et à l'ouest. La tour du prieuré ou tour de la justice du 12e siècle est une grosse tour carrée d’angle de l'enceinte. Elle s'ouvre sur la cour par deux baies géminées romanes à colonnettes et chapiteaux.

 

Bâtiments du prieuré

 

Photo de Thierry Cornier
Logis
Tour
Portail
Enceinte
Photo de Thierry Cornier
Cour
Tour
Baie géminée
Baie géminée

 

Faisons le tour des bâtiments pour visiter enfin le portail du prieuré qui s’ouvre dans l’enceinte du côté sud. Ce portail, plus tardif que le portail de l’église, date probablement des années 1140. Son décor fort original est attribué à l’atelier de sculpteurs du portail de Neuilly-en-Donjon, dont le style est influencé par Gislebertus d’Autun. Mutilé au 16e siècle, il a été entièrement restauré en 2002. Son tympan, sous une voussure à palmettes, est sculpté de deux scènes bibliques : à gauche, l’Adoration des Rois Mages, avec la Vierge à l'Enfant, et à droite, le Péché originel, avec Adam et Eve croquant la pomme, le serpent tentateur et Adam et Eve honteux après leur faute. Le linteau montre le Jugement Dernier, scène de la Séparation des Elus et des Damnés, en deux thèmes également : à gauche, le paradis avec la Jérusalem céleste et des anges aux ailes déployées, et à droite, l’enfer avec un serpent monstrueux représentant le Léviathan et des groupes de damnés enchaînés. Les deux corbeaux mutilés supportant le linteau sont sculptés d'animaux surmontant des reliefs sculptés avec atlantes. Remarquons enfin les deux chapiteaux historiés, avec à gauche Abraham et Isaac, et le relief au Combat de cavaliers à droite du portail.

 

Le portail de l'enceinte du prieuré

 

Photo de Thierry Cornier
 
Portail
Adoration des Mages
Péché originel et enfer
 
 
Paradis
Corbeau
Corbeau
 
Photo de Thierry Cornier
 
Chapiteau
Chapiteau
Relief de combat
 

 

Un troisième tympan roman, dit le tympan d’Arcy, se trouve maintenant au Musée du Hiéron à Paray-le-Monial. Cette sculpture moins connue provient de l’ancienne entrée principale du côté ouest de l’enceinte du prieuré. Démantelé à la Révolution, le portail a été remonté au musée où il décore la salle principale. Datant des environs de 1125-1130, son style diffère des autres sculptures d’Anzy. Le tympan montre encore l’Ascension, avec le Christ en gloire dans la mandorle, bénissant et portant le livre, entre deux anges. On y découvre encore des traces de polychromies. Le linteau représente une scène très rare : la Vierge Marie allaitant l’enfant Jésus. Elle est flanquée par quatre saints (Moise, Pierre, Paul et Etienne) et par quatre saintes femmes. Les voussures à feuillages, les prophètes sur les chapiteaux et les corbeaux complètent un autre trésor de la sculpture romane d’Anzy.

 

Le tympan d'Arcy à Paray-le-Monial

 

Portail
Ange du tympan
Saints du linteau
La Vierge allaitant l’enfant
Chapiteau
Chapiteau
Corbeau
Corbeau


Visite

L'église est ouverte pour la visite.

Pour en savoir plus sur Anzy-le-Duc, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Site de la communauté de communes : http://www.cc-marcigny.fr/anzy-le-duc.
Page Roman au Gothique par Pascal Pigeot : http://romangothique.pascalpigeot.fr/Anzy_le_Duc.html.
Page Edelo : http://www.edelo.net/roman/images/brionnais/anzy/photos.htm.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/anzy/anzy.htm.
Page Mrugala : http://medieval.mrugala.net/Architecture/France,_Saone-et-Loire,_Anzy-le-duc/.
Page romanes.com : http://www.romanes.com/Anzy-le-Duc/.
Page structurae : http://structurae.info/ouvrages/prieure-danzy-le-duc.
Page archinform (allemand) : http://eng.archinform.net/projekte/11315.htm.
Page Chemins du roman : http://pjpmartin.free.fr/site/Chemins_du_roman.htm.
Page sacred destinations : http://www.sacred-destinations.com/france/anzy-le-duc-church.
Page Via Lucis : https://vialucispress.wordpress.com/2012/05/10/anzy-le-duc-the-great-survivor-dennis-aubrey/.
Page avec photos : http://photos.eglises.perso.sfr.fr/Bourgogne/71/Anzy/anzy.htm.
Page avec photos : http://luc.greliche.free.fr/Luc_Galeries/Anzy_le_Duc/index.html.
Page wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-de-l'Assomption_d'Anzy-le-Duc.

Remerciements : les photos de la page sont en partie de Cees van Halderen et de Julianna Lees.

Aussi, vous pouvez consulter les sources écrits suivants:

- Beauchamp A. et Simonin J.-C., Eglise Romane d'Anzy-le-Duc, La Clayette, 2012.
- Beigbeder O., Symbolisme des chapiteaux de la nef d'Anzy-le-Duc, Gazette des Beaux-Arts, 1962.
- Cucherat F., Le B. Hugues de Poitiers, Le Prieuré, l’Eglise d’Anzy-le-Duc, Protat, 1862.
- Grivot D., Anzy-le-Duc, Montceaux-l’Etoile, Lyon.
- Hammann M., Die Burgundische Prioratkirche von Anzy-le-Duc und die romanischen plastik im Brionnais, Wurzburg, 1998.
- Nicolas H., Eglises Romanes du Brionnais, La Taillanderie, 2000.
- Nicot, Anzy le Duc.
- Oursel R., Les Eglises Romanes de l’Autunois et du Brionnais, Cluny et sa région, Protat, 1956.
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