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Iguerande

 

Edifice
Eglise Saint-Marcel, ancienne priorale Saint-André
Situation
En haut du village, 71340 (Saône-et-Loire)
Parties Romanes
Entièrement : nef, transept, clocher, chœur, abside et absidioles
Décoration Chapiteaux sculptés, décor du portail, bases de colonnes, modillons
Datation
Fin du 11e siècle - début du 12e siècle

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

Chapiteau au cyclope jouant de la flute de PanLa belle église romane d'Iguerande est située sur une hauteur dominant la vallée de la Loire à l'extrême sud du Brionnais. C'est l'une des plus pures et plus complètes églises romanes de cette partie de la Bourgogne, où l'art roman abonde comme nulle part ailleurs. L'édifice de la fin du 11e siècle se présente comme un ensemble solide, imposant et trapu et a profité d'une importante restauration. C'est le seul vestige d'un prieuré bénédictin dépendant de Marcigny et auparavant de Cluny, dont les bâtiments n'existent plus depuis la Révolution. Le plan de l'église est commun : une nef à bas-côtés de trois travées, un large transept saillant sous clocher central et un chœur d'une travée prolongée par une abside entre absidioles. Le sobre style du 11e siècle règne partout : lourdes arcades en plein cintre, voûtes de la nef, du chœur et des croisillons en berceau, piliers carrés flanqués de colonnes engagées, collatéraux voûtés d'arêtes et la croisée couverte d'une coupole. La nef centrale est aveugle comme à Varenne-l'Arconce où à Saint-Germain-en-Brionnais. Le tout est d'une harmonie parfaite et d'une grande sobriété, dominé par le large clocher central avec deux étages et baies géminées. Un important décor sculpté augmente l'intérêt de l'église : l'abside est rythmée par des arcatures sur colonnettes, les bases des colonnes de l'église sont sculptées d'animaux et à l'extérieur les modillons présentent des personnages, des têtes et des animaux. Mais ce sont surtout les chapiteaux des piliers qui sont intéressants par leur style primitif des années 1100. On y admire un cyclope à la flûte de pan, d'autres musiciens et personnages fantastiques, des animaux et des motifs végétaux. Le simple portail principal, remanié, possède d'autres chapiteaux. Côté sud de l'église, remarquons les lourds contreforts qui contrebutent l'édifice.

 

Photo de Thierry Cornier
L'église trapue

 

 

Historique

Le site de Vuiranda apparaît dans les sources vers 867. Il est donné à Cluny en 938 et reçoit des donations de l’évêque de Mâcon en 956. Une première chapelle dédiée à saint André et une petite communauté monastique y sont fondées au 10e siècle. Iguerande devient prieuré bénédictin dépendant du prieuré de Marcigny en 1088 par échange avec le prieuré de Berzé-la-Ville qui passe alors sous dépendance directe de Cluny. La construction du chœur et du transept fut commencée directement après 1088 et l’église romane fut terminée autour de 1100. A cette époque, Iguerande était une bourgade importante qui possédait un pont roman et trois églises : la priorale Saint-André, la paroissiale Saint-Marcel et encore une église Saint-Jean-Baptiste. Depuis 1290, les droits seigneuriaux du lieu sont partagés entre le prieuré et la famille de Semur. Les moines quittent enfin le prieuré au 16e siècle et l’église devient paroissiale au 17e siècle. Elle fut alors dédiée à Saint-Marcel, patron de la paroisse. Les bâtiments du prieuré furent détruits à la Révolution. L’église a été consolidée et renforcée au début du 19e siècle. Classée Monument Historique en 1913, l’intérieur fut restaurée à la fin des années 1970.

 

Coupe longitudinale

 

 

Description

Bien qu’il ne reste rien des bâtiments du prieuré, l’église romane a été entièrement conservée. Elle présente un plan régulier avec une nef de trois travées flanquée de bas-côtés, un transept saillant et un chœur se composant d’une travée flanquée de bas-côtés s’ouvrant sur trois absides. L’absidiole sud a été bouchée par une sacristie moderne. Les grands contreforts contrebutant l’édifice du côté sud datent du début du 19e siècle.

De l’extérieur, la masse trapue de l’église est dominé par le clocher qui s’élève sur la croisée et dans la plus haute de deux étages s’ouvrent des baies géminées avec doubles colonnettes et de grandes archivoltes. Le chevet est d’un bel effet avec les absides et les pignons du chœur et du transept. La façade modeste présente un portail roman restauré avec des colonnes à chapiteaux sculptés de motifs de raisin.

Extérieur de l'église :
 
Chevet
Absides
Clocher
 
 
Façade
Portail
Chapiteau du portail
 

 

A l’intérieur, on trouve une impression de sobriété et de solidité. L’arc en plein cintre règne partout. La nef est voûtée en berceau sur doubleaux reposant sur des grandes arcades en plein cintre et des piliers carrés avec quatre colonnes engagées. Elle est obscure, par l’absence de fenêtres hautes, la lumière ne provenant que des baies agrandies des bas-côtés et de la baie de la façade. Les bas-côtés étroits sont voûtés d’arêtes sur doubleaux et se prolongent jusqu’aux absidioles du chœur. La croisée du transept possède une coupole sur trompes encadrée par quatre arcs à double rouleau. Les croisillons sont voûtés en berceau, comme l’est le chœur dont la travée droite communique avec les bas-côtés par des grandes arcades sur des colonnes engagées. L’abside centrale est décorée de sept arcatures sur colonnettes et chapiteaux. On y remarque des fresques de saint Pierre et de saint Paul qui seront du 16e siècle. Le décor peint sur les voûtes et arcs est du 19e siècle.

Intérieur de l'église :
Nef
Arcades
Croisée
Bas-côté
Coupole
Abside
Absidiole
Arcatures

 

Le décor sculpté de l’église est intéressant. Les chapiteaux qu’on trouve sur les piliers de la nef et de la croisée remontent au début du 12e siècle et sont alors parmi les plus anciens du Brionnais. On retrouve l’influence d’Anzy dans les thèmes des motifs végétaux, des animaux musiciens, des personnages fantastiques et des fleurs. Les chapiteaux les plus remarquables sont ceux du Joueur de Harpe et le cyclope à la Flûte de Pan, les Joueurs de Trompe, les chats, les aigles, les chouettes, les feuillages avec des évocations de la coquille St-Jacques et d’autres feuillages avec des têtes humaines. Il y a également quelques bases de colonnes au décor sculpté remarquable : celui avec le Diable et le Veau et un Veau à la tête renversée. Enfin, à l’extérieur, les corniches des absides et des murs latéraux sont décorées de modillons sculptés où on admire encore d’autres personnages, des singes, des bœufs et des oiseaux.

Images des chapiteaux et des bases de colonnes :
Joueur de harpe et cyclope
Chats affrontés (1)
Chats affrontés (2)
Joueurs de trompe
Feuillages et coquilles
Feuilles
Feuillages
Fruits
Chapiteaux
Chapiteaux
Base : le Diable et le Veau
Base : Veau à la tête renversée

 

 

Modillons des absides

 

 

Visite

Pour en savoir plus sur Iguerande, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Site du village : http://www.iguerande.fr/.
Page romanes.com : http://www.romanes.com/Iguerande/.
Page art-roman.net : http://www.art-roman.net/iguerande/iguerande.htm.
Page lieux sacrés : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2015/12/10/33052817.html.
Page sacred destinations : http://www.sacred-destinations.com/france/iguerande-church.
Page Via Lucis : https://vialucispress.wordpress.com/2012/02/15/eglise-saint-marcel-diguerande-dennis-aubrey/.
Page P Martin : http://pjpmartin.free.fr/site/Iguerande_Virey.htm.
Page sites clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=140.
Page edelo : http://www.edelo.net/roman/images/brionnais/iguerande/photos.htm.

Remerciements : les photos de la page sont de Cees van Halderen et de Thierry Cornier.

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Bachelet G., Iguerande et son passé, Charlieu, 1979.
- Grivot D., Semur-en-Brionnais, Iguerande, Lyon.
- Hammann M., Die Burgundische Prioratkirche von Anzy-le-Duc und die romanischen plastik im Brionnais, Wurzburg, 1998.
- Nicolas H., Eglises Romanes du Brionnais, La Taillanderie, 2000.
- Oursel R., Les Eglises Romanes de l’Autunois et du Brionnais, Cluny et sa région, Protat, 1956.
- Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.
- Schneiter L., Le Brionnais, Eglises Romanes, 1967.
- Thiollier F., L’Art Roman à Charlieu et en Brionnais, Montbrison, 1892.
-
Virey J., Paray-le-Monial et les Eglises du Brionnais, Petites monographies des grands édifices de la France, 1926.
- Collectif, Paray-le Monial, Brionnais-Charolais, Le renouveau des études romanes, IIe colloque scientifique international de Paray-le-Monial, 2000.
- Les Chemins du Roman, Guide des 30 Eglises romanes du Brionnais, par le C.E.P.

 


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