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Charlieu

 

Edifice
Ancienne abbaye Saint-Fortunat
Situation
Centre ville, 42190 (Loire)
Parties Romanes
Fondations et fouilles, vestiges de la nef, narthex, colonnade du cloître et tour d'enceinte
Décoration Décor et tympans des trois portails, chapiteaux, colonnade du cloître, sculptures du musée lapidaire
Datation
9e-10e-11e siècles (fondations), fin du 11e siècle - début du 12e siècle (nef) et 1140-1150 (narthex)

 

 

Introduction - Historique - Description - Visite

 

Introduction

Charlieu est une petite ville du département de la Loire, aux confins de la Bourgogne et à la limite méridionale du Brionnais. L’abbaye bénédictine, fleuron à l’origine de la cité, a été fondée vers 870 et rattachée à l’abbaye de Cluny vers 930. Le monastère fortifié est pendant tout le Moyen Âge parmi les prieurés clunisiens les plus importants et constitue un centre important de la sculpture romane. Pendant la Révolution, son église abbatiale fut en grande partie détruite et plusieurs bâtiments de l’abbaye démolis. L’emplacement de l’abbatiale est aujourd’hui un carrefour de substructures et de fondations montrant les trois abbatiales successives des 9e, 10e et 11e siècles, mises au jour par des fouilles. De la dernière église, construite au 11e siècle par les abbés de Cluny, ne restent que les collatéraux de la première travée de la nef. On y retrouve des arcades en plein cintre et de beaux chapiteaux archaïques qu’on peut comparer aux chapiteaux d’Anzy-le-Duc. Heureusement, le grand narthex, qui fut ajouté avant la nef au deuxième quart du 12e siècle, est entièrement conservé. C’est une belle construction romane à deux étages : un étage bas ouvert par des arcades, et une salle haute. Le style clunisien est ici beaucoup plus évolué : les grandes arcades sont de profil brisé et les baies et arcatures sont flanquées de colonnettes et de chapiteaux. La facture des chapiteaux du 12e siècle est beaucoup plus nette, on y admire des animaux et des figures symboliques. Mais la merveille de l’abbaye de Charlieu, ce sont les trois portails romans du narthex, aux décors richement sculptés, qui sont des trésors de la sculpture bourguignonne. Le portail ouest dans le narthex conserve le plus ancien tympan représentant l’Ascension du Christ en Bourgogne. Il montre le Christ en majeslinteau du grand portailté dans une mandorle entre deux anges et un linteau avec les douze apôtres, le tout d’une facture très archaïque. Les deux autres portails sont du milieu du 12e siècle et ornent la façade principale du narthex, qui se trouve du côté nord. Ce sont probablement les portails les plus richement décorés de la Bourgogne romane, malgré leurs mutilations. Le grand portail montre combien la sculpture romane a avancé pendant quelque 60 années : l’Ascension est beaucoup plus vivante comparée au portail ouest, le Christ en majesté est accompagné par le tétramorphe des Évangélistes, les apôtres et les anges sur le linteau sont sculptés pleins de vie. Les voussures et les piédroits abondent de décorations : motifs floraux et géométriques entre lesquels on peut reconnaitre l’Agneau Pascal, des vieillards, la luxure et des rois et fondateurs. Le tympan de la baie latérale continue ce style roman abondant : il représente les Noces de Cana, sur le linteau le sacrifice d’animaux et sur l’archivolte, les personnages de la Transfiguration. Plusieurs bâtiments monastiques de l'abbaye sont conservés autour du cloître conservant ainsi trois galeries gothiques du 15e siècle. La salle capitulaire date de la même époque et s’ouvre par une colonnade romane de six arcades du 11e siècle, sur doubles colonnes et chapiteaux intéressants. A côté se trouve la chapelle Notre-Dame-de-l’Assomption, l’ancienne chapelle du prieur, reconstruite au 15e siècle sur des fondations romanes. L’hôtel du prieur avec ses tourelles date de la Renaissance et s’ouvre sur une cour avec porte monumentale. La tour Philippe Auguste du 12e siècle est un vestige imposant de l’enceinte construite par ce roi pour protéger l’abbaye. Le parloir et le cellier ont été également conservés. Ils sont actuellement aménages en Musée lapidaire et en Musée d’art religieux, conservant plusieurs bas-reliefs et chapiteaux romans intéressants.

 

Façade nord du narthex

 

 

Historique

Histoire de l'abbaye

L’abbaye bénédictine fut fondée en 872 par des moines bénédictins venus de la Touraine sur des terres données par Ratbert, évêque de Valence, et par son frère Edouard. Le lieu appelé Sornin ou Sonna fut alors nommé Carus Locus ou Carilocum, le Cher lieu. Gausmar fut le premier abbé de l’abbaye placée sous le patronage de saint Etienne et de saint Fortunat. Une chapelle dédiée à Saint-Martin, déjà existante sur le site, fut donnée à l’abbaye par Lambert, évêque de Mâcon. Le monastère fut placé sous la protection royale en 879 par le Roi Boson, gouverneur du Lyonnais, comte de Mâcon et roi de Provence. L’abbaye est rattachée à Cluny en 932 par le pape Jean XI, donation confirmée par Hugues de Provence, comte d’Arles et de Vienne. C’est l’une des premières affiliations de Cluny et au cours du 10e siècle il devient aussi l’un des plus importants. La première église fut alors agrandie par l'abbé Odon de Cluny. Au 11e siècle, l’abbaye est réduite au rang de prieuré clunisien pendant la réforme de l’abbé Odilon, probablement vers 1040. Le monastère est reconstruit au 11e siècle par Odilon et une nouvelle église priorale, la troisième, fut consacrée en 1094 par le Pape Urbain II et par l’abbé Hugues. Elle fut complétée au 12e siècle par la construction d’un narthex. Vers 1180, le monastère est fortifié par le Roi Philippe Auguste, qui englobe la ville et l’abbaye de nouveaux remparts. Au 15e siècle, le cloître et les bâtiments de l’abbaye ont été reconstruits. Le clocher de l’église fut foudroyé en 1638. Le prieuré, passé sous le régime de la commende au 17e siècle, fut supprimé en 1787. Les bâtiments ont été en grande partie vendus et détruits après la Révolution : les archives sont brulées en 1792, les tympans décapités en 1793, l’église vendue en 1795 est détruite en 1800, et les bâtiments du monastère sont vendus et transformés en habitations. Le réfectoire fut détruit seulement en 1844. Le narthex de l’église, qui a échappé aux destructions, fut restauré en 1853 et en 1877-78 ; l’abbaye est classée Monument Historique en 1862. La Société des Amis des Arts de Charlieu fut fondée en 1908 et des campagnes de fouilles sur l’emplacement de l’église ont été menées de 1926 à 1929 et de 1938 à 1952. Les fondations des églises abbatiales alors mises au jour ont été classées en 1928. Les murs de l’église ont été restaurés en 1935 et les portails de la façade nord ont été restaurés en 1989-1990.

Trois églises disparues

Trois églises abbatiales ont existé sur le site. Les fouilles ont mis au jour les fondations des églises qui permettent d’en reconstituer les plans. La première église, Charlieu I, fut construite à la fin du 9e siècle après la fondatioLes fondations des églises abbatialesn de l’abbaye. Elle était dédiée à saint Etienne et saint Fortuné et conservait les reliques des deux saints. C’était une église de style carolingien avec une nef unique non voûtée, un chœur et une structure absidale complexe. Celle-ci comprenait une abside élevée sur une crypte et entourée par un passage souterrain annulaire avec une chapelle absidale. Elle aurait eu des tourelles et des contreforts demi-circulaires comme on le trouve dans quelques églises anciennes de la Touraine. La deuxième église, Charlieu II, remonte au 10e siècle. Odon de Cluny aurait agrandi la première église vers 930-940, quand le monastère était devenu clunisien. L’architecture était d’un style clunisien primitif, peut-être inspiré par Saint-Martin de Tours. La nef fut voûtée en pierre et divisée en trois vaisseaux par des piliers. Un clocher fut élevé sur la croisée du transept. L’abside fut refaite, peut-être avec un déambulatoire d’où, d’après Sunderland, proviendrait des arcades sur colonnettes de la colonnade du cloître. Il est possible qu’un narthex existait déjà. Le monastère était déjà important, puisque le cloître et la chapelle Notre-Dame remontent à cette époque. Charlieu III est la troisième église dont le narthex est toujours debout. L’église dédiée à Saint-Fortuné datait en majeure partie du 11e siècle, peut-être déjà commencée par Odilon avant 1050. Elle fut consacrée en 1094 et complétée au début du 12e siècle. Elle était nettement désaxée comparée aux églises précédentes. Le plan de l’église, inspiré par Cluny II, présentait une croix latine et un chœur bénédictin avec chapelles échelonnées et une petite absidiole greffée sur l’abside. Le plan est presque identique à celui de l’église d’Anzy-le-Duc, dont celle de Charlieu était antérieure. Elle avait une nef de quatre travées, voûtées de berceaux sur doubleaux avec fenêtres hautes en pénétration, flanquées de bas-côtés. Un transept saillant avec clocher sur la croisée précédait le chœur avec abside entouré de cinq absidioles en retrait. Un narthex fut ajouté vers 1140 et doté de sculptures formidables de style clunisien.

 

Description

Le monastère de Charlieu présente un ensemble de bâtiments intéressants relevant des périodes romanes, gothiques et Renaissance. L’emplacement de l’église montre les fondations superposées des trois églises des 9e, 10e et 11e siècles, dont on peut reconnaître quelques murs et bases de piliers. De l’église priorale, Charlieu III, il ne reste que le narthex roman à deux étages du 12e siècle, dont les portails sculptés sont justement célèbres, et les vestiges de la première travée de la nef. Au sud de l’église se trouvent le cloître gothique et la cour du prieuré, entourés des salles de l’abbaye et de l’Hôtel du Prieur. Je vous propose la visite des vestiges de l’église, des portails du narthex puis des bâtiments de l’abbaye.

Les vestiges de l'église

La première travée de la nef est la seule partie conservée de l’église du 11e siècle. Cette partie occidentale date de l’extrême fin du 11e siècle, peut-être déjà des premières années du 12e siècle. La voûte de la nef a été détruite et ce n’est plus possible d’en deviner la structure. Les voûtes d’arêtes des deux bas-côtés sont encore conservées. Elles sont portées par de grandes arcades, à double rouleau et en plein cintre, et par des piliers cruciformes avec trois colonnes engagées avec bases et chapiteaux. Des baies ébrasées s’ouvrent dans les murs latéraux. Le mur sud de la nef a été également en partie conservé.

 

Les vestiges de l'église

 

Le narthex est bien conservé. Il fut construit vers 1140 devant la façade de l’église. Il se compose de deux étages voûtés d’arêtes, avec trois vaisseaux d’une seule travée. Son style clunisien tardif est remarquable pour son décor roman et surtout pour ses portails sculptés. L’architecture de ce porche peut être rapprochée de ceux de Mâcon et de Perrecy. L’entrée du narthex, chose rare, est au flanc nord. La façade nord est décorée d’un portail célèbre, de pilastres décorés, d’arcatures et d’une baie sur colonnettes. La façade ouest présente des arcades avec chapiteaux et sculptures et une tourelle. Le rez-de-chaussée du porche, voûté d’arêtes sur doubleaux brisés, conserve deux portails et deux sarcophages. L’étage du narthex, appelé la salle des archives, est également voûté d’arêtes sur doubleaux brisés. Le carrelage est d’origine. Il y a des baies et arcatures aux voussures décorées, colonnettes et chapiteaux. La grande baie du côté ouest a des voussures décorées de feuillages et de rubans, à l’intérieur et à l’extérieur. La grande baie est, donnant une belle vue sur les fouilles des églises, est flanquée d’arcatures sur colonnettes à l’extérieur.

 

Le narthex :
Extérieur
Façade
Intérieur
Arcades
Baie ouest
Baie
Baie
Baie est

Des chapiteaux sculptés sont à remarquer dans la travée de la nef et dans le narthex. Ceux des piliers de la nef, de la fin du 11e siècle, sont très proches de certains chapiteaux d’Anzy-le-Duc et même de Vézelay. On y trouve Daniel dans la Fosse aux lions sous une fleur solaire, les Coquilles Saint-Jacques (comme à Perrecy), le centaure et le cavalier montrant deux personnages se tirant la barbe, des lions affrontés posant leurs pattes sur la tête d’un homme sortant des feuillages, et des feuilles d’acanthe. Les chapiteaux du narthex, plus tardifs, ont été sculptés dans la première partie du 12e siècle par des sculpteurs de Cluny. Les chapiteaux des arcades du rez-de-chaussée ont des chapiteaux au décor végétal très recherché, dérivant du corinthien. D’autres chapiteaux décorent les colonnettes des baies et des arcatures de l’étage, à l’intérieur et à l’extérieur. A l’intérieur, il y a le Soleil et la Lune symbolisant le bien et le mal, un aigle à tête humaine (ou une sirène-oiseau), une tête de monstre et une figure diabolique sortant du feuillage. A l’extérieur, il y a une sirène à queue de poisson, un acrobate avec barbe, et un capricorne (mi chèvre, mi poisson). Les chapiteaux ont des tailloirs à billettes.

 

Chapiteau de la nef : Daniel dans la fosse aux lions

 

Chapiteaux :
 
Centaure et Cavalier
Lions affrontés
Coquilles Saint-Jacques
 
 
Décor végétal
Décor végétal
Acrobate
 
 
Animal fantastique
Sirène
Sculpture
 

 

Les portails du narthex

Le narthex possède trois portails sculptés de première importance. Le plus ancien est celui qui se trouve à l’intérieur du narthex, au centre de la façade de l’église. Ce tympan vieux sculpté vers 1090 appartient à l’église du 11e siècle. C’est l’un des plus anciens tympans de la région au thème de l’Ascension du Christ, représentant le retour glorieux du Christ à la fin des temps. Les larges voussures entourant le tympan sont dépourvues de décor. Sur le tympan monolithe sont sculptés le Christ en Majesté, portant le livre dans une mandorle, et deux anges aux ailes déployées. Le linteau sculpté en bas relief représente les douze apôtres assis, avec livre sur leur genou droit et levant la main gauche, dans des arcatures. Au revers du linteau, sur la face intérieure, se trouve un décor de palmettes plates. Deux corbeaux soutenant le linteau sont sculptés d’atlantes. Il y a quatre colonnes avec chapiteaux sculptés de feuillages et aux tailloirs décorés. Ce tympan peut être rapproché au linteau d’Anzy et au tympan de Mont-Saint-Vincent et le style du linteau est proche du linteau de Châteauneuf.

 

Tympan ouest : l'Ascension du Christ

 

Le portail ouest :
Tympan
Corbeau
Corbeau
Revers du linteau

Les deux autres portails se trouvent à l’extérieur du narthex, sur la façade nord, qui était l’entrée principale de l’église. Ils sont datés vers 1150, alors une soixantaine d’années après le tympan vieux, montrant l’évolution remarquable de la sculpture romane pendant le 12e siècle. On atteint ici une perfection et une abondance dans le décor qui marquent le sommet de l’art roman bourguignon. Le grand portail raconte encore le thème de l’Ascension, inspiré par le livre de l’apocalypse. Mutilé à la Révolution, il ne reste que trois têtes de ses multiples personnages. Des traces de peinture bleu, rouge et or prouvent que le tympan était polychrome à l’origine. Le décor de motifs floraux et géométriques des parois et des voussures, extrêmement riche, montre des rinceaux de feuillages, des fleurs, des damiers, des rubans plissés, des grecques, des oves, des perles, des festons et des palmettes. L’archivolte extérieure a un cordon de feuilles d’acanthe pliées. Sur le tympan trône le Christ en Majesté, assis sur la Jérusalem céleste dans une mandorle, entre deux anges et le tétramorphe des quatre Evangélistes, dont les figures finement sculptées portent des inscriptions. Le linteau représente les douze apôtres assis sur un banquette, avec au centre la Vierge entre deux anges. Un décor de sachets se trouve sous le linteau. Des rois et fondateurs sont sculptés sur les flancs du linteau : à gauche le Roi David et le Roi Boson, à droite Saint-Jean-Baptiste et l’évêque Ratbert. Deux corbeaux historiés, avec anges et personnages, soutiennent le linteau. Sur les voussures on rencontre l’Agneau Pascal, en haut, et deux vieillards musiciens, sur les côtés desquels partent 24 fleurs médaillons perlés symbolisant les 24 vieillards de l’apocalypse. Sur le piédroit gauche est sculptée la Luxure, représentée par une femme avec un serpent monstrueux et un crapaud. Deux colonnes aux chapiteaux corinthiens flanquent le portail.

 

Tympan du grand portail

 

Le grand portail nord :
Tympan
Christ
Evangélistes
Linteau
Sculptures
Rois et saints
Luxure
Piédroits
Corbeau
Agneau Pascal
Voussures
Dessous

Le petit portail latéral, qui n’est en fait qu’une baie secondaire, appartient au même ensemble sculpté que le grand portail à côté. Ses sculptures montrent des scènes rares dans l’iconographie de l’époque. Sur le tympan la scène représentée est les Noces de Cana et non la Cène. Ce miracle symbolise le sacrifice du Christ. Le Christ, entre la Vierge et un disciple, est assis derrière une table épousant la forme du tympan. Une petite scène représente le miracle de l’eau transformée en vin. Les têtes ont été détruites. Le linteau montre des sacrifices d’animaux, comme des bœufs et des moutons, évoquant les sacrifices antiques du temple de Jérusalem de l’ancien testament. La corniche sous le tympan est décorée d’acanthes, de losanges et de perles. Sur l’archivolte sont sculptés six personnages de la Transfiguration qu’on peut identifier par des inscriptions : saint Jacques, saint Jean, le Christ, Moïse, l’apôtre saint Pierre et le prophète Elie. La fête de la Transfiguration avait été introduite dans la liturgie clunisienne par l’abbé Pierre le Vénérable. Deux chapiteaux historiés surmontent des colonnes jumelées. A gauche, une tête grimaçante, mutilée. A droite, ce sont trois personnages, peut-être le repas d’Emmaüs, ou le Christ offrant le saint sacrifice dans la Jérusalem céleste, assisté par Saint Pierre et Saint Paul. Un bas-relief au dessus du portail montre une figurine à demi sortie d’un nuage, peut-être Dieu le Père. Un autre bas-relief à droite représente un personnage. On appelle le sculpteur des deux portails du narthex le maître de Charlieu. Il a probablement sculpté également le tympan de Saint-Julien-de-Jonzy. Son style remarquable et plein de vie, maitrisant le style issu de Cluny, peut être rapproché des chapiteaux de Vienne de l’époque.

 

Le petit tympan latéral

 

Le petit portail :
 
Portail
Tympan
Linteau
 
 
Chapiteau
Chapiteau
Relief
 

 

 

Les bâtiments de l'abbaye

Les bâtiments de l’abbaye se regroupent autour du cloître, au sud de l’église, et de la cour du prieuré, à l’est du cloître. Les parties les plus anciennes sont du 10e siècle, mais la plupart des constructions datent des 15e et 16e siècles. Le cloître date des années 1460-1470. Mutilé au 19e siècle et restauré en 1999-2000, il conserve encore trois galeries avec arcatures gothiques et un puits. Sur son flanc est, bordant la salle capitulaire, existe une colonnade romane. Elle remonte probablement au 11e siècle, l’époque des constructions d’Odilon. Il s’agit peut-être d’un réemploi d’une galerie du cloître roman, d’autres pensent que les arcatures proviennent du déambulatoire de Charlieu II. Flanquant un portail gothique, il y a six arcades avec doubles colonnettes et des chapiteaux sculptés de feuillages, de fleurs, d’aigles aux ailes déployées et têtes. Les tailloirs décorés conservent une inscription : troquo lude alias fuge.

 

La colonnade romane du cloître

 

Le flanc est du cloître a été bien conservé. La salle capitulaire, accessible par la colonnade romane, date de la fin du 15e siècle. Elle conserve un pilier central avec lutrin, des voûtes d’ogives du début du 16e siècle et des culots sculptés. Le parloir, à côté, conserve également des voûtes du début du 16e siècle. Le cellier est l’ancienne cave de l’abbaye. A l’étage de ce bâtiment oriental du cloître, dont les murs sont encore en partie du 10e siècle, se trouve le dortoir des moines, avec des baies gothiques. Les autres bâtiments autour du cloître ont été moins bien conservés. Les bâtiments au sud du cloître ont été détruits : le réfectoire avec ses fresques romanes, la bibliothèque avec une galerie en bois et le chauffoir dont on remarque encore deux baies gothiques murées. Du côté ouest du cloître se trouvaient les cuisines et le dortoir des novices. Un bâtiment moderne y abrite depuis 1999 le Centre des Visiteurs de l’abbaye (espace muséographique, histoire, maquette, photos).

 

Cloître et salle capitulaire :
 
Cloître
Cloître
Arcades du cloître
 
 
Galerie du cloître
Colonnade romane
Salle capitulaire
 
 
Chapiteaux
Chapiteaux
Aigles
 

A l’est du cloître se trouve la cour du prieuré, à l’origine un deuxième cloître dit cloître des infirmes. La cour, conservant un puits et un sarcophage ancien, s’ouvre au nord par une porte monumentale crénelée du 15e siècle avec écusson. Au nord se trouve aussi la Chapelle Notre-Dame-de-l’Assomption ou chapelle du prieur, reconstruite à la fin du 15e siècle sur des fondations du 10e siècle. Il s’agit même peut-être de la chapelle Saint-Martin existant à la fondation de l’abbaye. La chapelle, élément typique des prieurés clunisiens, avait un plan rectangulaire avec chœur en retrait. Les murs, deux portails et des baies murées sont encore romans. Le dallage ancien en terre cuite a été conservé. L’entrée actuelle se fait par la salle capitulaire bordant la chapelle à l’ouest. Restauré en 1932, la chapelle gothique a des voûtes d’ogives sur culots et une abside à pans. Au sud de la cour du prieuré se trouve le grand Hôtel du Prieur construit par Jean de la Madeleine à la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle. Ce bâtiment de la Renaissance remplaçait l’infirmerie du monastère médiéval. Il englobe encore les vestiges d’une tour rectangulaire du 10e siècle. Ancien logement du clergé paroissial et actuellement propriété du conseil général, il n’est pas encore ouvert à la visite. La façade sur la cour présente deux tourelles avec des escaliers à vis et des portails décorés. A l’intérieur, des salles conservent des cheminées monumentales, des charpentes en chêne et des boiseries du 18e siècle. Une échauguette domine la grande façade sud.

 

Bâtiments autour de la cour su prieuré :
 
Chapelle Notre-Dame
Intérieur de la chapelle
Dallage
 
 
Hôtel du Prieur
Tour Philippe Auguste
Tour
 

La Tour Philippe Auguste, au nord-est, faisait partie de l’enceinte abbatiale construite par le Roi Philippe Auguste vers 1180. Elle faisait également partie de l’enceinte de la ville. C’est une grande tour-donjon ronde de la fin du 12e siècle avec rez-de-chaussée voûté sous quatre étages. La Tour de la Gendarmerie, au nord-ouest, fut construite au 16e siècle sur des bases plus anciennes. Une autre tour ronde existait au sud-ouest à l’origine. L’enceinte de l’abbaye existait déjà au 10e siècle et avait deux portes. Quelques murs de l’enceinte ont été retrouvés. Mentionnons enfin quelques autres bâtiments autour du noyau central de l’abbaye : l’orangerie du 18e siècle au sud-est, l’auditoire de la justice au nord-est et les bâtiments modernes à l’ouest.

 

Le musée lapidaire

Des sculptures intéressantes sont conservées dans les musées de l’abbaye. Le musée lapidaire a été aménagé dans le parloir en 1971. Il présente des modillons, des chapiteaux, des reliefs, des linteaux et des sculptures romans et gothiques. Un bas-relief de Daniel dans la Fosse aux Lions, du 10e siècle ou du début du 11e siècle, est la sculpture la plus ancienne de l’abbaye. Il provient peut-être du cloître ou du chœur de Charlieu II. Un moulage est conservé d’un autre bas-relief roman de l’Annonciation, provenant de la chaire du lecteur du réfectoire des moines. L’original se trouve réemployé dans la chapelle de l’ancien petit séminaire St-Gildas à Ressins (42). C’est une belle sculpture, datée vers 1120, représentant quatre arcatures avec la Vierge, l’ange Gabriel, le songe de St-Joseph et le prophète Isaïe. Une sculpture en haut-relief de la Vierge à l’Enfant, en calcaire polychrome, date du milieu du 12e siècle. Des chapiteaux de Charlieu III sont conservés, de style corinthien, ainsi que le chapiteau du Baptême du Christ. La tête d’un roi est du 12e siècle. Des linteaux sculptés provenant des maisons anciennes de la ville et des chapiteaux aux personnages appartiennent au style gothique.
Le musée d’art religieux dans le cellier a été aménagé en 1984. Il conserve des statues du 14e au 19e siècle.

 

Le musée dans le parloir


Pièces exposées du musée :
Bas-relief de l'Annonciation
Daniel dans la fosse aux lions
Vierge à l’Enfant
Tête de Roi
Chapiteau à décor végétal
Chapiteau à animaux
Chapiteau à personnages
Modillon
Linteau avec animaux
Sculpture gothique
Sarcophage
Fresque du Roi Boson

 

Enfin, mentionnons les vestiges des fresques romanes du réfectoire conservées dans le Musée de Cluny à Paris. Des fragments de la fin du 12e siècle y montrent les têtes des Apôtres, la Vierge et la scène du Roi Boson offrant l’église de Charlieu à St-Etienne. Ils faisaient partie d’un ensemble plus grand qui décorait les murs du réfectoire avec le Christ en majesté, les symboles des évangélistes et apôtres, prophètes, saints et protecteurs de l’abbaye.

 

Visite

L'abbaye se visite tous les jours, sauf le lundi et le mois de janvier, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30.

Pour en savoir plus sur Charlieu, vous pouvez visiter les sites Internet suivants :

Le site de la ville : http://www.ville-charlieu.fr/.
Autre site sur Charlieu et son abbaye : http://www.virtualred.net/charlieu/.
Communauté de communes autour de Charlieu : http://www.cc-payscharlieu.fr/.
Les amis des arts de de Charlieu : http://www.amisdesartscharlieu.com/.
Série de photos sur romanes.com : http://www.romanes.com/Charlieu/Saint-Fortunat/.
Page Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Charlieu.
Page Lieux Sacrés : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/charlieu__42_loire_/index.html.
Page Structurae : http://structurae.info/structures/data/index.cfm?id=s0013099.
Page Sites Clunisiens : http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=127.
Album Flickr : http://www.flickr.com/photos/art_roman_p/sets/72157625289143495/.

Remerciements : les photos de la page sont de Cees van Halderen et de Thierry Cornier.

 

Vous pouvez également consulter les références suivantes :

- Barbat, Charlieu - ses monuments - son abbaye, Charlieu, 1925.
- Barbat, Charlieu pendant la Revolution, Roanne, 1913.
- Chazelle B. et Charrondière P., Charlieu et son canton.
- Hammann M., Die Burgundische Prioratkirche von Anzy-le-Duc und die romanischen plastik im Brionnais, Wurzburg, 1998.
- Jeannez E., La colonnade romane du cloître de Charlieu, Bulletin de la Diana.
- Krüger, K., Charlieu - Prieuré Saint-Fortunat (Loire), Dossiers d'Archéologie, 2002.
- Monot H., Charlieu, le livre d’histoire.
- Nicolas H., Eglises Romanes du Brionnais, La Taillanderie, 2000.
-
Sapin C., Arnaud C. et Berry W., Bourgogne Romane, Dijon, 2006.
- Schneiter L., Le Brionnais, Eglises Romanes, 1967.
- Sevelinges J., Histoire de l’abbaye de Charlieu depuis son origine jusqu’en 1789, Lyon, 1856.
- Sunderland E., Charlieu à l’époque médiévale, l’Abbaye, la Ville, le Cloître, Lyon, 1971.
- Terret V., Le Portail Roman du narthex de Saint-Fortunat de Charlieu et sa sculpture décorative Du XIIe siècle.
- Thiollier F., L’Art Roman à Charlieu et en Brionnais, Montbrison, 1892.
- Thiollier N., Mijolla S. de et Brassart G., Fouilles à Charlieu sur l’emplacement de l’église Saint-Fortunat, Montbrison, 1927.
- Vallery-Radot J., Les analogies des églises de Saint-Fortunat de Charlieu et d'Anzy-le-Duc - églises bourguignonnes : voutes d'arêtes, Paris, 1929.
- Virey J., Paray-le-Monial et les Eglises du Brionnais, Petites monographies des grands édifices de la France, 1926.
- Charlieu, cité historique, Editions Gaud, 1996.

 


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